Algérie: un opposant en justice pour avoir "diffamé" un ancien président

Publié : 5 janvier 2015 à 16h40 par La rédaction

Une information judiciaire a été ouverte dimanche contre l'opposant algérien Saïd Sadi pour des propos "diffamant" tenus à l'encontre de l'ancien président Ahmed Ben Bella, décédé en 2012, et de deux autres personnalités algériennes, a annoncé le parquet.

 

Saïd Sadi, qui a dirigé pendant plus de 20 ans le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD, laïc), a comparé lors d'une conférence le président Ben Bella --connu pour ses liens avec le leader égyptien Gamal Abdel Nasser-- à un agent des services égyptiens, selon des comptes-rendus de médias locaux.

 

Lors de cette conférence-débat qu'il a animée la semaine dernière à Sidi Aich,à l'est d'Alger, M. Sadi a par ailleurs comparé le leader nationaliste Messali Hadj au maréchal Pétain, chef du régime de Vichy durant l'occupation allemande de la France, et critiqué Ali Kafi, l'ancien président du Haut Comité d'Etat (HCE, présidence collégiale de 1992 à 1995), toujours selon les médias locaux.

 

M. Sadi a imputé à ces hommes, tous trois décédés, "des faits portant atteinte à leur honneur et à leur considération", a estimé le parquet dans un communiqué précisant avoir pris sa décision "du fait que ces propos rendent leur auteur passible de poursuites pénales pour diffamation".

 

Selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, les médias qui ont relayé les propos de M. Sadi ne sont pas visés par l'information judiciaire.

 

Les familles des trois personnalités "vont certainement se porter parties civiles", dans le dossier, a ajouté cette source

 

"En osant l'impudence de comparer mon père au Maréchal Pétain (...), vous reprenez piteusement (...) un cliché désuet qui ne fait pas honneur au rang que vous ambitionnez d'occuper: celui de leader démocrate appelé à diriger un jour l'Algérie", a réagi la fille de Messali Hadj dans une lettre publiée par le journal en ligne Tout sur l'Algérie (TSA).

 

Le mois dernier, une cour d'Alger a jugé "diffamatoire" le fait de traiter un Algérien qui ne l'est pas de "harki", supplétif de l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Dans cette affaire, Saïd Sadi et ses frères s'étaient portés partie civile contre un maire ayant qualifié leur père de "harki".

 

Dans un pays où la guerre d'indépendance (1954-1962) demeure la source de légitimité politique, traiter un Algérien de "harki" ou de "fils de harki", revient le dénigrer aux yeux de la société.

 

AFP