Décès de Pasqua: Hollande salue "la mémoire d'un gaulliste" ayant "animé de toute sa personnalité la vie politique"
Modifié : 30 juin 2015 à 13h03 par La rédaction
Le président François Hollande, après l'annonce de la disparition de Charles Pasqua, "salue la mémoire d'un gaulliste" qui "a animé de toute sa personnalité la vie politique", dans un communiqué de l'Elysée, mardi.
"Le Président de la République a appris le décès de Charles Pasqua. Il salue la mémoire d'un gaulliste qui fut deux fois Ministre de l'intérieur", indique le communiqué.
"Dans des conditions difficiles et éprouvantes", M. Pasqua "a animé de toute sa personnalité la vie politique francaise", souligne François Hollande qui "adresse à sa familles et ses proches ses sincères condoléances".
Charles Pasqua, l'un des plus célèbres ministres de l'Intérieur de France, pilier de la droite gaulliste, à la réputation sulfureuse et aux démêlés judiciaires, est décédé lundi à l'âge de 88 ans.
Par deux fois ministre de l'Intérieur, ce personnage fort en gueule avait mis un terme en 2011 à une longue carrière politique marquée par une part d'ombre liée à ses activités au sein de services d'ordre parallèles, ses réseaux africains et ses démêlés judiciaires.
M. Pasqua est mort à l'hôpital Foch de Suresnes près de Paris, a indiqué dans un communiqué le président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, département de la banlieue de la capitale dont l'ancien premier flic de France a longtemps été l'une des principales figures.
M. Pasqua était apparu la dernière fois en public le 30 mai pour le congrès fondateur du parti Les Républicains (droite, opposition).
Cité dans près d'une dizaine d'affaires (financement politique, vente d'armes à l'Angola), il avait été condamné définitivement en 2010 dans deux dossiers: à 18 mois de prison avec sursis pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999, via la vente d'un casino, et à un an avec sursis dans une affaire de détournements de fonds au préjudice d'une société d'exportation de matériel de sécurité.
Il avait encore eu maille à partir avec la justice en mai dernier, avec le procès en appel de détournement de fonds publics dans une fondation d'art.
Né le 18 avril 1927 à Grasse, ville du sud dont il a toujours gardé l'accent, Charles Pasqua, petit-fils de berger corse, s'était engagé à 16 ans dans la résistance et avait adhéré dès 1947 au Rassemblement du peuple français (RPF) du général de Gaulle. Il avait fait carrière dans la société Pernod-Ricard.
Elu député pour la première fois en 1968, il fonde avec Jacques Chirac le parti RPR en 1976. Mais, à la présidentielle de 1995, il prendra le parti d'Edouard Balladur contre l'ex-maire de Paris.
Les blessures, liées à l'Europe - M. Pasqua milite pour le non au traité de Maastricht en 1992 - mais surtout à cette "trahison" de 1995, étaient restées vives entre les deux hommes, Jacques Chirac et Charles Pasqua ne s'étaient jamais réconciliés.
Il avait claqué la porte du RPR en 1999 pour fonder et présider un temps le Rassemblement pour la France (RPF), parti souverainiste.
Pilier des Hauts-de-Seine, département le plus riche de France, qu'il a présidé pendant 19 ans, il s'était fait souffler la mairie de Neuilly-sur-Seine en 1983 par un jeune et ambitieux Nicolas Sarkozy, dont il avait contribué à l'ascension et dont il était redevenu proche par la suite.
Du Service d'action civique (SAC), sorte de police secrète créée à la fin des années 1950, au ministère de l'Intérieur où il a officié deux fois (1986-88 et 1993-95), son parcours était placé sous le signe du maintien de l'ordre.
Usant de formules chocs comme "il faut terroriser les terroristes", il a laissé son nom à une législation restreignant le droit d'asile en juin 1993.
Charles Pasqua s'est également illustré dans la libération des otages français du Liban en 1988, ainsi que dans celle, en 1995, des pilotes français capturés en Bosnie, sans qu'en aient été clairement élucidées les modalités et conditions.
En 1986, alors qu'il est ministre de l'Intérieur, un jeune homme d'origine marocaine, Malik Oussekine, meurt sous les coups de la police pendant une manifestation étudiante à Paris, suscitant une vive émotion dans le pays.
La mort de son fils unique, Pierre Philippe, d'une longue maladie en février l'avait très profondément affecté et avait accéléré son affaiblissement physique, constaté ces dernières années.
"La France perd l'un de ses plus grands serviteurs", a aussitôt réagi Nicolas Sarkozy, chef du parti Les Républicains, tandis que le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve (PS, gauche) a salué sa "mémoire" dans un bref communiqué.
AFP