Esplanade des Mosquées : Israël et la Jordanie ont trouvé un accord

Modifié : 24 octobre 2015 à 19h56 par La rédaction

Après sa rencontre jeudi avec le Premier ministre israélien, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a rencontré ce samedi le chef de l'autorité palestinienne et le roi de Jordanie. Une initiative qui aurait permis de parvenir à un accord sur la question de l'esplanade des Mosquées.

 

Est-ce l'annonce d'un apaisement durable ? Le secrétaire d'Etat américainJohn Kerry a annoncé samedi à Amman un accord entre la Jordanie et Israël sur de nouvelles mesures régissant l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, dans une tentative de mettre fin à la vague de violences entre Israéliens et Palestiniens.

 

Ces mesures devraient être annoncées samedi soir par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a ajouté John Kerry qui s'exprimait aux côtés de son homologue jordanien Nasser Judeh à l'issue d'une rencontre avec le roi de Jordanie Abdallah II. Il a précisé que Benjamin Netanyahou a accepté une suggestion du roi Abdallah pour assurer une surveillance vidéo de 24 heures de tous les sites sur l'esplanade des Mosquées.

 Israël est d'accord aussi pour «respecter pleinement le rôle particulier» de la Jordanie, gardienne des lieux saints, selon le statu quo de 1967, a précisé le secrétaire d'Etat américain, qui a assuré qu'«Israël n'a pas l'intention de diviser l'esplanade». 

Une attaque au couteau en Cisjordanie Vendredi, des milliers de Palestiniens se sont rendus sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, ouverte par Israël sans restriction pour la première fois depuis des semaines dans un geste d'apaisement. Mais si un calme relatif a été observé à l'est de Jérusalem, des heurts violents ont fait plus de 80 blessés en Cisjordanie et à Gaza. Dans cette enclave palestinienne, sous la coupe du Hamas, des jeunes lanceurs de pierres ont affronté les soldats israéliens près de la barrière de sécurité qui enferme ce territoire. Ces derniers ont riposté par des tirs qui ont fait 65 blessés dont trois journalistes et quatre secouristes, selon des sources médicales palestiniennes.

Un Palestinien a été tué samedi par des tirs israéliens après avoir tenté de poignarder un garde d'une compagnie privée posté à un check-point entre le nord de la Cisjordanie occupée et Israël. En Cisjordanie occupée, des heurts violents ont également opposé des Palestiniens à l'armée israélienne, notamment près de Hébron. Là, vingt Palestiniens ont été blessés par des tirs de Tsahal, selon les secours palestiniens. Une Israélienne et ses deux fillettes ont, par ailleurs, été blessées en Cisjordanie quand leur véhicule a essuyé un jet de cocktail Molotov, a indiqué de son côté l'armée israélienne. Les mouvements palestiniens avaient appelé à une «journée de la colère» devenue rituelle après la prière du vendredi, en Cisjordanie et à Gaza. 

La destruction de six maisons suspendues

 En revanche, la situation dans la Vieille ville de Jérusalem, par laquelle on accède à l'esplanade des Mosquées, était sans comparaison avec celle de la semaine dernière, quand des centaines de policiers israéliens, craignant des attaques au couteau, contrôlaient presque tout le monde et interdisaient le passage aux hommes de moins de 40 ans. Environ 25.000 musulmans ont participé à la prière alors qu'ils sont habituellement 10 à 15.000, selon le cheikh Azzam al-Khatib, chef de la fondation islamique qui administre l'esplanade. Autre décision qui pourrait contribuer à calmer la rue palestinienne: la Haute cour de justice israélienne a suspendu la destruction de six maisons en Cisjordanie appartenant à des Palestiniens accusés d'avoir tué des Israéliens. De même, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l'Autorité palestinienne sont soumis à la pression d'une communauté internationale inquiète d'un éventuel embrasement généralisé avec une nouvelle intifada. 

La communauté internationale se mobilise

 De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a plaidé «fortement» vendredi pour une rencontre directe entre MM. Netanyahou et Abbas. «En dépit de la colère et de la polarisation, il est encore temps de s'écarter du précipice», a-t-il insisté. Réuni à Vienne vendredi, le quartette (Russie, Etats-Unis, Union européenne, ONU), fondé en 2002 pour jouer le rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, a appelé dans un communiqué Israël à coopérer avec la Jordanie. Le quartette, selon le texte, «encourage Israël à travailler avec la Jordanie au maintien du statu quo», qui prévoit notamment que seuls les musulmans peuvent prier sur le site de l'esplanade. Le quartette a aussi appelé à «un maximum de retenue et à éviter toutes rhétorique etactions provocatrices». La question du contrôle et de l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme l'emplacement de leur ancien temple, catalyse les tensions. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir changer les règles (le statu quo) qui régissent les lieux et, au-delà, diviser l'esplanade entre juifs et musulmans. Israël se défend de tels projets. Depuis le 1er octobre, Jérusalem, les territoires palestiniens et Israël sont en proie à une vague de violences qui a coûté la vie à 50 Palestiniens (pour moitié des auteurs d'attentats), un Arabe israélien et huit Israéliens. https://www.leparisien.fr/