Gaza: l'ONU, à court d'argent, suspend son aide aux réparations de maisons

Modifié : 27 janvier 2015 à 15h42 par La rédaction

L'ONU a annoncé mardi suspendre son aide financière à des dizaines de milliers de Palestiniens pour réparer leur maison ou payer leur loyer à Gaza dévastée par la guerre avec Israël, en dénonçant les promesses internationales non tenues.

 

"5,4 milliards de dollars avaient été promis en octobre à la conférence du Caire" pour la reconstruction du territoire après la guerre de juillet-août 2014, "et aucune de cette aide n'est pour ainsi dire arrivée à Gaza. C'est douloureux et inacceptable", a dit dans un communiqué Robert Turner, directeur à Gaza de l'Agence pour l'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA).

 

L'agence lance un appel "urgent" à la levée de 100 millions de dollars pour ce seul premier trimestre. Elle met en garde contre le risque de déstabilisation de la petite enclave durement frappée par la pauvreté et le chômage et contrôlée par le mouvement islamiste Hamas.

 

Ce dernier a dénoncé dans un communiqué une décision "inquiétante" qui vient "aggraver la tragédie que vivent des milliers de familles" à Gaza. Il a appelé l'UNRWA à "faire pression sur les donateurs pour qu'ils honorent leurs promesses pour la reconstruction".

 

Plus de 96.000 maisons ont été endommagées ou détruites au cours de la guerre entre troupes israéliennes et combattants palestiniens, rappelle l'UNRWA. Il faudrait 720 millions de dollars pour répondre aux besoins, ajoute-t-elle, mais "à cette heure, l'UNRWA n'a reçu que 135 millions".

 

Une partie de cet argent, alloué à la reconstruction des maisons entièrement détruites, est encore disponible; en revanche, l'argent dédié à réparer les maisons ou à aider lesGazaouis à payer un loyer quand ils n'ont plus de toit est, lui, épuisé, dit l'Agence.

 

- 'Ils dorment dans les décombres' -

 

Des milliers de familles continuent à souffrir du manque d'abri, souligne M. Turner. "Les gens dorment littéralement dans les décombres, des enfants sont morts d'hypothermie", dit-il. Le ministère de la Santé à Gaza a recensé la mort d'au moins trois bébés durant la vague de froid début janvier.

 

Environ 12.000 personnes continuent à vivre dans des écoles de l'UNRWA. L'Agence s'inquiète que les Palestiniens déplacés n'affluent à nouveau vers ces refuges si elle ne peut plus les aider.

 

M. Turner dit ne pas savoir pourquoi l'aide promise n'arrive pas. Mais, fait-il valoir, "l'UNRWA est un facteur de stabilisation dans un contexte politique et sécuritaire très difficile et les conséquences seront graves si nous arrêtons notre programme". "Nous l'avons déjà dit: le calme ne durera pas. A présent, le calme est menacé".

 

"L'arrêt de la reconstruction aura des conséquences dangereuses", a prévenu Adnane Abou Hasna, porte-parole de l'UNRWA à Gaza. "En retardant l'envoi d'argent pour la reconstruction, les donateurs mettent en danger le cessez-le-feu".

 

Les 50 jours de guerre ont tué près de 2.200 Palestiniens, majoritairement des civils, et 73 Israéliens, la plupart des soldats. Ils ont détruit des pans entiers du territoire enclavé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée.

 

La reconstruction se fait attendre. Gaza, où s'entassent 1,8 million de Palestiniens sur un territoire de 41 km de long et 12 km de large au maximum, reste soumis à un strict blocus israélien et à la fermeture par l'Egypte de la seule frontière du territoire qui ne soit pas contrôlée par Israël. Cette situation étouffe l'économie de Gaza.

 

Les pourparlers indirects entre Palestiniens et Israéliens censés tenter de résoudre les questions de fond après le cessez-le-feu d'août 2014 semblent une histoire ancienne.

 

Mais le territoire souffre aussi des divisions profondes et persistantes interpalestiniennes, malgré un accord de réconciliation en 2014.

 

AFP