L'exécution du pilote renforce l'appui des Jordaniens à la lutte contre l'EI

Publié : 4 février 2015 à 18h07 par La rédaction

L'exécution d'un pilote jordanien, brûlé vif par le groupe Etat islamique (EI), a provoqué choc et colère en Jordanie où la population devrait se ranger fermement derrière son gouvernement dans sa participation à la guerre antijihadistes, selon les experts.

 

Depuis l'annonce de la participation en septembre de Jordanie aux frappes menées en Syrie contre l'EI dans le cadre de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, des voix s'étaient élevées dans le royaume pour prévenir les autorités qu'elles prenaient des risques pour la sécurité intérieure.

 

Mais l'atrocité de l'exécution du pilote Maaz al-Kassasbeh ne peut qu'"inciter encore plus les Jordaniens à se ranger derrière leur armée et leurs dirigeants" pour venger la mort de leur pilote, a estimé l'analyste Mohamed Abou Remmane, du Centre d'études stratégiques à l'Université de Jordanie.

 

Dans la vidéo sur l'exécution, un homme présenté comme Maaz al-Kassasbeh, en tenue orange, est enfermé dans une grande cage en métal. Un homme masqué et armé prend une torche et met le feu à de l'essence. Les flammes se propagent jusqu'à la cage et le supplicié se transforme vite en une boule de feu.

 

Aussitôt après sa diffusion mardi soir, des centaines de Jordaniens sont descendus dans la rue pour dénoncer ce crime et demander de venger le pilote. Son père a réclamé "des représailles très sévères" contre l'EI et son frère l'a qualifié de "martyr".

 

La télévision d'Etat affiche un bandeau noir avec la photo du pilote depuis l'annonce de sa mort, diffusant des chansons patriotiques et des programmes sur l'armée et ses capacités.

 

"Aujourd'hui, il y a un large consensus dans l'opinion publique jordanienne sur la nécessité de la guerre contre l'organisation (EI) et d'une riposte ferme", a ajouté M. Abou Remmane.

 

- 'Etat de guerre' -

 

"Depuis qu'on a commencé à parler de la coalition internationale et la guerre contre l'EI, c'est la première fois que les Jordaniens prennent conscience du fait qu'ils sont en état de guerre", a-t-il ajouté.

 

L'analyste Hassan Abou Haniyeh n'a, lui, pas écarté une plus grande participation de la Jordanie dans les opérations contre ce groupe ultradical sunnite qui sème la terreur dans les régions qu'il occupe en Syrie et en Irak, deux pays frontaliers de la Jordanie.

 

La Jordanie "pourrait demander de revoir la stratégie adoptée qui se limite (actuellement) à des raids aériens. Elle pourrait envisager une intervention terrestre", a-t-il ajouté, alors que les Etats-Unis ont exclu des soldats au sol.

 

"La réponse de la Jordanie sera ferme, terrible et forte", a prévenu mardi le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Mohammad Momani. "Celui qui doutait de la barbarie de l'organisation EI, en voici la preuve (...) et celui qui doutait de l'unité des Jordaniens, on lui prouvera le contraire".

 

Maaz al-Kassasbeh, 26 ans, a été capturé en décembre 2014 après le crash de son avion en Syrie où il participait aux frappes contre l'EI. Ce dernier avait menacé fin janvier de le tuer si la Jordanie ne relâchait pas une jihadiste irakienne, mais Amman exigeait des preuves de vie de l'aviateur.

 

- 'Légitimité populaire' -

 

La Jordanie a d'ailleurs pendu mercredi la jihadiste irakienne Sajida al-Rishawi et un autre jihadiste condamnés à mort dans le royaume, dans une première mesure de représailles.

 

Le meurtre du pilote "va unir les Jordaniens (...) et donnera la légitimité populaire à la participation de la Jordanie dans la coalition internationale", a estimé l'auteur jordanien Fahd Khitan.

 

Le Front de l'Action islamique, la vitrine politique des Frères musulmans en Jordanie, qui s'était opposé à la participation d'Amman aux frappes contre l'EI, a dénoncé lui aussi "le crime odieux commis par un groupe terroriste".

 

Le roi Abdallah II de Jordanie a écourté sa visite aux Etats-Unis pour rentrer au pays, et des centaines de Jordaniens se sont rassemblés près de l'aéroport international d'Amman pour l'accueillir et lui exprimer leur soutien.

 

Et le ministère des Affaires religieuses a demandé aux Jordaniens de prier pour le pilote dans toutes les mosquées du royaume.

 

 

AFP