La guerre du Liban hante encore les proches des disparus, 40 ans après
Publié : 13 avril 2015 à 12h38 par La rédaction
Quarante ans après les premiers tirs, la guerre civile du Liban habite encore les familles de milliers de disparus, qui se battent jusqu'au dernier souffle pour connaître le sort d'êtres chers ou espèrent un retour miraculeux.
"Nous voulons juste une tombe sur laquelle nous recueillir", explique à l'AFP Wadad Halawani, présidente du Comité des disparus.
La guerre, chapitre le plus douloureux de l'histoire du pays, a éclaté le 13 avril 1975 et s'est achevée en 1990 après avoir fait, selon les estimations officielles, plus de 150.000 morts et 17.000 disparus dont des dizaines seraient encore détenus en Syrie, ex-puissance tutélaire.
Ce conflit a opposé au départ des groupes chrétiens à des factions palestiniennes appuyées par des partis de gauche et musulmans, avec l'implication de puissances régionales et internationales.
"Ceux qui ont enterré leurs enfants ont pu les pleurer, mais nous n'avons pas fait notre deuil", confie Mariam Saidi, mère de Maher, un communiste de 15 ans disparu en 1982 alors qu'il combattait près de Beyrouth.
A l'image des Mères de la place de Mai en Argentine, elle participe depuis 2005 à un sit-in permanent devant le siège de l'ONU à Beyrouth.
En 1991, l'Etat a décrété une amnistie dont bénéficieront les seigneurs de la guerre, toujours au pouvoir.
"Pour retenir les leçons de la guerre, il faut se confronter au passé", affirme Carmen Hassoun Abou Jaoudé, directrice du bureau du Centre international pour la justice transitionnelle (ICTJ) à Beyrouth.
"C'est une blessure qu'on a essayé de suturer alors qu'elle était encore infectée", ajoute-t-elle, précisant que dans d'autres pays, les enquêtes ont permis "de jeter les bases d'une paix civile juste et durable".
"Nous ne voulons pas mettre tous les dirigeants politiques en prison. Nous voulons juste connaître la vérité et nous réconcilier avec le passé", soutient Mme Halawani, dont le mari a été kidnappé devant ses yeux dans les années 1980.
Sous la pression, le gouvernement a évoqué en 2000 l'existence de fosses communes à Beyrouth, mais n'a entrepris aucun effort d'identification.
L'an dernier, les familles ont obtenu une petite victoire lorsque le Conseil d'Etat, plus haute autorité judiciaire, leur a accordé le droit d'être informées du sort de leur proches. Une décision restée sans suite.
Et depuis 2012, le Comité international de la Croix-Rouge établit "une base de données sur tous les éléments liés la disparition, comme le lieu ou les vêtements du disparu", explique Fabrizio Carboni, président du CICR au Liban.
Il souligne les efforts menés pour que les autorités donnent leur feu vert à la collecte des données biologiques, notamment la salive des parents, soulignant l'urgence à le faire alors que cette génération est vieillissante.
Une proposition de loi élaborée par le ICTJ prône la création d'une commission d'enquête menée par la police avec l'aide d'archéologues et d'anthropologues.
Avec AFP