La rébellion syrienne rejette l'ouverture de l'Occident vers Assad

Modifié : 29 septembre 2015 à 16h51 par La rédaction

L'opposition et les rebelles syriens ont affirmé mardi sans ambiguïté qu'ils n'accepteront jamais d'accorder un rôle quelconque à Bachar al-Assad, rejetant ainsi les ouvertures de pays occidentaux vis-à-vis du chef de l'Etat syrien.

Négocier avec Assad représenterait un sacrilège pour les 240.000 personnes mortes depuis le début de la guerre civile en 2011, avertissent des opposants.

"Ce serait un échec si le régime se maintenait et si Assad restait. Ce serait aussi une insulte pour les sacrifices consentis par le peuple syrien et plus encore un manque de respect pour ce que veut notre peuple", a affirmé à l'AFP Ahmad Qura Ali, porte-parole d'Ahrar al-Cham, puissant groupe d'insurgés.

Offusqué également, Ibrahim al-Idlibi, qui a participé aux manifestations contre le régime en mars 2011, assure que les Syriens "n'accepteront pas qu'Assad reste à son poste durant la période transitoire".

Pour lui, "il est impossible de considérer un tueur terroriste comme un protecteur ou quelqu'un qui peut apporter la sécurité".

Le départ d'Assad a représenté la principale demande de l'opposition depuis le début de la révolte, il y a plus de quatre ans.

Les opposants politiques et les rebelles se réfèrent au communiqué dit de Genève I de 2012 où les principales puissances appelaient à la constitution d'un gouvernement transitoire exerçant les pleins pouvoirs.

L'opposition et ses parrains internationaux ont longtemps affirmé qu'il n'y avait aucun rôle pour Assad dans cette transition, mais récemment plusieurs pays occidentaux ont mis de l'eau dans leur vin.

- Assad a 'favorisé' l'EI -

L'Occident est ébranlé par la puissance du groupe Etat islamique, qui ne paraît pas affaibli par les raids de la coalition conduite par les Etats-Unis, et par l'afflux d'un demi-million de migrants, dont plus de la moitié sont Syriens.

Plusieurs pays voient désormais Assad comme un moindre mal, au vu des atrocités particulièrement spectaculaires commises par l'EI, notamment les décapitations, les viols et la destruction de monuments appartenant au patrimoine de l'Humanité.

Mais l'opposition insiste sur le fait que les forces loyales à Assad ont massacré bien plus de Syriens que l'EI et que ce régime a toujours voulu se présenter comme la seule alternative aux extrémistes.

"Le régime a favorisé la croissance de l'EI et son expansion en Syrie s'est faite au détriment de la révolution, et non au détriment du régime", assure Mamoun Abou Omar, un militant à Alep.

De nombreux opposants voient dans l'assouplissement des Occidentaux vis-à-vis d'Assad le dernier exemple de la confusion caractérisant leur politique syrienne.

"C'est incroyable la manière dont l'Iran et la Russie fournissent un soutien au régime, alors que les (pays appartenant) aux 'Amis de la Syrie' (coalition soutenant l'opposition) affichent leur rivalité", peste Samir Nashar, un dirigeant de la Coalition de l'opposition. Ils sont ainsi incapables de "présenter un front commun", regrette-t-il.

- 'Rien n'a changé' -

Les principaux parrains des rebelles, notamment les Etats-Unis, la Turquie, l'Arabie saoudite ou le Qatar ont souvent affiché leurs désaccords sur le meilleur moyen d'appuyer l'opposition.

"Comme Syriens, nous avons cessé de prêter attention à leurs déclarations, qui ne pas découlent pas de ce qui se passe sur le terrain mais résultent de leur politique intérieure", note Ibrahim al-Idlibi. "Au début, je pensais que les Occidentaux étaient de réels alliés du peuple syrien mais notre opinion a vite changé à cause de leur incohérence", dit-il.

Sur le terrain, les rebelles assurent qu'ils continueront à combattre le régime, et à montrer que ce dernier n'est pas un allié dans le combat contre l'EI.

"Nous n'avons pas d'autres choix que de préparer une large opération militaire pour démontrer la faiblesse d'Assad et de ses alliés", explique le commandant Essam al-Rayes, porte-parole des rebelles du Front du sud.

"Pour nous, rien n'a changé et nous continuerons à agir sur le terrain ", affirme Ahmad Qura Ali, porte parole d'Ahrar al-Cham.

D'autres assurent qu'il n'y a pas d'autres choix que de combattre jusqu'au renversement d'Assad. "Avec des centaines de milliers de morts et tant de destructions, il est impossible de faire marche arrière. Ne réussir que la moitié de la révolution, c'est creuser sa propre tombe", assure Mamoun Abou Omar.

 AFP