Le froid, danger mortel pour les SDF

30 décembre 2014 à 14h44 par La rédaction

Les rigueurs de l'hiver accroissent le risque de mourir dans la rue pour les sans-abri, déjà fragilisés par des conditions de vie difficile, souvent aggravées par des dépendances comme l'alcoolisme.

 

Trois sans domicile fixe (SDF), âgés de 50, 46 et 29 ans, ont été victimes de la vague de froid au cours du week-end.

 

L'hypothermie, ou chute de la température centrale du corps en dessous de 35 degrés, est d'autant plus dangereuse qu'elle touche des sujets fragiles.

 

Les SDF peuvent déjà souffrir de multiples maux : carences alimentaires, maladies mal ou pas soignées voire même pas diagnostiquées, de l'ulcère de jambe aux troubles anxio-dépressifs, en passant par la tuberculose ou des problèmes cardiovasculaires.

 

"D'une façon générale, les maladies chroniques diminuent la résistance au froid", rappellent les spécialistes.

 

Le manque de sommeil accentue leur fragilité. Sans oublier les risques inhérents à l'alcool, ce "faux ami" qui donne une impression immédiate de chaleur mais anesthésie les réactions de défense contre le froid et provoque une torpeur.

 

Des consommations moyennes de 2 à 3 litres par jour contribuent à cette fragilisation.

 

De nombreux médicaments (tranquillisants, neuroleptiques...) altèrent aussi les réflexes de vigilance face au danger.

 

Le vent et l'humidité augmentent le refroidissement.

 

Ainsi contrairement aux idées reçues, des cas d'hypothermie peuvent être décelés chez les sans-abri "tout au long de l'année", même si la majorité surviennent lorsque les températures extérieures sont très basses.

 

Une étude sur une centaine de cas d'hypothermie, y compris légères, avait mis en évidence plusieurs facteurs de risques: "l'éthylisme chronique" (82% des cas), une alcoolisation massive (61%), "la mobilité réduite" (56%) et "l'invalidité permanente" (36%).

 

L'organisme réagit au froid par une vaso-constriction (resserrement des vaisseaux superficiels) qui diminue la déperdition de chaleur au niveau de la peau afin de protéger les organes vitaux (au premier chef le coeur).

 

En moyenne, les sans-abri qui vivent depuis longtemps dans la rue ont une espérance de vie estimée de trente à trente-cinq ans inférieure à celle de la population générale, selon un rapport sur "La Santé des personnes sans chez soi" de 2010. Ce document pointait du doigt la difficulté d'accès aux soins des SDF.

 

Quelque 30% des sans-abri souffrent de pathologies psychiatriques, auxquelles viennent s'ajouter les souffrances psychologiques liés à la vie dans la rue et les addictions telles que l'alcoolisme ou la toxicomanie, selon cette étude.

 

AFP