Les Européens veulent coopérer avec les pays arabes face au terrorisme
Publié : 19 janvier 2015 à 16h33 par La rédaction
Les Européens ont plaidé lundi pour une coopération accrue entre eux mais aussi avec les pays arabes dans la lutte contre le terrorisme, alors que l'Europe était en état d'alerte après les attentats de Paris et le démantèlement d'une cellule jihadiste en Belgique.
"Il faut qu'on renforce notre façon de coopérer (...) avec les pays arabes, et aussi entre nous", a affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant une réunion des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE à laquelle était convié le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.
"Les attaques terroristes ciblent surtout les musulmans dans le monde, il nous faut donc une alliance, un dialogue pour faire face ensemble", a-t-elle ajouté.
"On va discuter aujourd'hui des aspects de la politique extérieure (...) des relations d'échange plus denses aussi avec les Etats musulmans dans le monde", a expliqué le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier.
La lutte contre le terrorisme n'est pas seulement "une question militaire ou sécuritaire", a estimé M. al-Arabi, affirmant qu'elle devait se livrer "au niveau intellectuel, culturel, médiatique, religieux". "C'est cela que nous tentons".
La coopération en matière de renseignement, le renforcement des contrôles aux frontières de l'espace Schengen, la lutte contre le trafic d'armes ou la création d'un registre commun des passagers aériens (PNR) sont devenus une priorité des dirigeants européens après les attentats meurtriers de Paris et la vaste opération anti-jihadistes en fin de semaine dernière en Belgique.
Ces questions seront discutées par les ministres de l'Intérieur, compétents sur ces sujets, le 28 janvier à Riga, et surtout lors d'un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement européens le 12 février, consacré à la lutte contre le terrorisme et les "combattants étrangers" européens de retour de Syrie ou d'Irak.
Plusieurs chefs de la diplomatie de l'UE participeront aussi jeudi à Londres à une rencontre organisée conjointement par le Royaume-Uni et les Etats-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.
"Nous espérons, compte tenu de ce qui s'est passé en France, en Belgique et ailleurs, que le Parlement européen va comprendre qu'il faut débloquer le PNR", a demandé lundi le ministre français, Laurent Fabius. Son homologue belge, Didier Reynders, a lui aussi plaidé pour "plus d'échange d'informations (...) pour suivre à la trace l'ensemble des combattants étrangers".
- Menaces de mort-
La Belgique a émis un mandat d'arrêt européen à l'encontre d'un suspect arrêté ce week-end en Grèce, qui "pourrait avoir un lien" avec la cellule jihadiste démantelée la semaine dernière. Cet Algérien sera présenté lundi au parquet d'Athènes en vue de son extradition.
Mais le chef et pourvoyeur de fonds de la cellule belge qui projetait des attentats contre des policiers est toujours en fuite. Il s'agirait d'Abdelhamid Abaaoud, un Belge d'origine marocaine de 27 ans qui a combattu dans les rangs de l'EI en Syrie, selon les médias belges.
L'armée a commencé samedi à surveiller certains sites sensibles à Bruxelles et à Anvers. Jusqu'à 300 soldats seront à terme mobilisés. La police britannique a conseillé à ses agents d'être prudents en faisant notamment retirer leurs adresses des listes électorales, et a "pris des mesures autour des bâtiments".
En France, neuf personnes soupçonnées d'avoir pu apporter un soutien logistique à Amédy Coulibaly, en armes et véhicules notamment, sont en garde à vue jusqu'à mardi soir. Coulibaly avait tué une policière près de Paris puis quatre personnes juives dans une supérette casher dans l'est de Paris le 9 janvier.
En Allemagne, la manifestation hebdomadaire du mouvement anti-islam Pegida a été annulée lundi à Dresde (est) en raison de menaces de mort proférées par l'EI contre l'un des organisateurs. Lundi dernier, 25.000 personnes, un record, avaient défilé dans la capitale de la Saxe.
Lundi, environ 800.000 personnes ont manifesté à Grozny, capitale de la Tchétchénie, contre la publication de caricatures du prophète Mahomet dans Charlie Hebdo. De nombreuses manifestations avaient déjà eu lieu ce week-end dans des pays musulmans. Au Niger, de violentes émeutes ont fait dix morts.
AFP