Liban/Hariri: Nasrallah efface le Liban de la carte politique et veut, avec les dirigeants iraniens, le sacrifier sur l'autel de Bachar el-Assad

Publié : 2 mai 2013 à 11h48 par La rédaction

Au lendemain du discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a mis en garde contre une possible intervention directe de l'Iran et du Hezbollah dans le conflit en Syrie aux côtés du régime, plusieurs personnalités du 14 Mars ont mis en garde contre les dangers qui guettent le Liban.

L'ancien Premier ministre, Saad Hariri, a indiqué dans un communiqué publié mercredi par son bureau de presse:

"Nous ne voulons pas argumenter avec le secrétaire général du Hezbollah sur les positions qu'il a prises hier, dont la plupart n'étaient ni logiques ni responsables, notamment en ce qui concerne le déni continu de l'existence d'un soulèvement populaire en Syrie, qui fait face à une machine militaire et criminelle sans précédent dans l'histoire arabe et islamique. Sayyed Hassan Nasrallah a choisi de se ranger définitivement dans les rangs des oppresseurs et a déclaré son engagement à défendre jusqu'à la mort le régime de Bachar al-Assad. Il a également choisi d'exécuter les ordres iraniens et la fatwa émise par le Wali al-Faqih, interdisant la chute de ce régime, et qu'il a ramenée avec lui de Téhéran.

Mais ce qui a échappé au Secrétaire général du Hezbollah, c'est que le régime est tombé, et que la volonté de le garder en vie n'appartient pas à Hassan Nasrallah ou Ali Khamenei, ou toute autre partie régionale ou internationale. Le sort de ce régime est entre les mains du peuple syrien, qui a pris la ferme décision de mettre fin au régime de l'injustice et de la tyrannie, indépendamment de la mobilisation des mercenaires et des bénévoles par les forces alliées

Dans tous les cas, la déclaration la plus dangereuse dans les paroles du secrétaire général du Hezbollah ne concerne ni sa position quant à la révolution syrienne, ni sa défense désespérée de Bachar el-Assad, mais le lien suicidaire entre la question syrienne et le Liban. Sayyed Hassan Nasrallah dit que l'Etat libanais n'existe pas, et que l'existence et le maintien du régime syrien passent avant l'existence du Liban. Sayyed Hassan Nasrallah efface le Liban de la carte politique et fait du Hezbollah un substitut à l'Etat et à ses institutions constitutionnelles, sécuritaires et militaires. Lui seul, à la tête du Hezbollah, décide pour tous les Libanais, lui seul, à la tête du Hezbollah, donne les ordres d'entraîner le Liban dans les guerres civiles et régionales, lui seul, à la tête du Hezbollah, a le droit d'émettre des fatwas pour combattre les Syriens sur leur territoire, et le droit d'insulter l'Etat libanais et l'armée libanaise proclamant leur incapacité à protéger les Libanais non seulement à la frontière avec Israël, mais à l'intérieur des territoires syriens aussi.

Sayyed Hassan Nasrallah a, en réalité, annoncé la création d'une armée pour la défense des chiites libanais dans la région et dans le monde, comme si cette communauté était la propriété privée du Hezbollah ou bien une entité à part entière indépendante de l'Etat libanais. Partant de ce principe, il se donne le droit d'étendre la portée des opérations du Hezbollah, du Liban Sud pour englober Al Quousseir et Sayyeda Zeinab en Syrie. Rien ne l'empêchera de faire du Liban à tout moment, un front avancé aux côtés du régime iranien, sous prétexte de défendre les sanctuaires religieux.

Sayyed Hassan Nasrallah nous dit que l'Etat libanais ne vaut rien et qu'il est otage du Hezbollah pour l'éternité et que tous les Libanais doivent agir selon ces principes, que ce soit le président de la République, le gouvernement, le Parlement ou toutes les autres entités politiques. L'Etat est détenu en otage par le Hezbollah, avec toutes les parties et les communautés libanaises, pour les beaux yeux de Bachar al-Assad et pour obéir à la fatwa qu'il a rapportée de Téhéran.

En fait nous sommes confrontés à l'un de ces deux cas: soit un acte de folie qui n'hésitera pas à brûler le Liban pour sauver un régime déjà mort, soit un acte d'arrogance qui mènera cette personne et tous ceux qui l'entourent à la ruine totale. Oui, le Hezbollah dirigé par Sayyed Hassan Nasrallah, mène le Liban à sa ruine et voudrait que la communauté chiite occupe les premiers rangs de la voie vers cette ruine et vers une discorde maudite. Nous mettons en garde les Libanais de tomber dans cette discorde ou de s'y laisser entraîner.

Cet avertissement doit d'abord inclure tous les dirigeants nationaux qui cherchent des solutions constitutionnelles et politiques pour former le gouvernement et tenir les élections législatives pendant que certains mettent l'existence du Liban au bord de l'effondrement, avec le régime syrien, et n'hésiteront pas à sacrifier l'unité nationale et l'unité islamique pour aider Bachar al-Assad à gagner.

Le Hezbollah joue, seul, avec le sort du Liban. Par la voix de son secrétaire général, le Hezbollah n'annonce pas uniquement sa participation à l'embrasement de la Syrie, mais menace de le déplacer au coeur du Liban. Le Hezbollah trouvera surement des rescapés de l'époque de la tutelle syrienne pour l'applaudir. Mais le pari repose sur la véritable majorité des Libanais, et les frères honorables et libres de la communauté musulmane chiite, qui n'accepteront pas de sacrifier leur patrie et leur unité nationale, et n'obéiront pas à la volonté du Hezbollah et des dirigeants iraniens d'offrir le Liban en sacrifice sur l'autel de Bachar al-Assad. Ce qu'a annoncé le Secrétaire général du Hezbollah est inacceptable parce que c'est un projet noir visant à entrainer le Liban dans le brasier annoncé par Bachar al-Assad. Les Libanais de tous bords sont invités à assumer leurs responsabilités historiques pour faire face à ce projet et en exprimer leur rejet par tous les moyens démocratiques, qui resteront si Dieu le veut, nos seuls moyens de protéger le Liban et la coexistence entre ses fils".

Source: 14march.org