Maroc : les violeurs ne pourront plus se marier avec leur victime pour échapper aux poursuites judiciaires

Publié : 28 janvier 2014 à 14h30 par La rédaction

Désormais, en cas de plainte, tout détournement ou viol de mineure est passible de peine de prison. 

 

 

Les députés marocains ont voté mercredi 23 janvier en faveur d'un amendement du code pénal afin que l'auteur d'un viol ne puisse plus échapper à la prison en épousant sa victime, deux ans après un fait divers qui avait suscité un vif émoi.

 

Le 10 mars 2012, le suicide de la jeune Amina Filali, contrainte d'épouser son violeur, avait profondément choqué dans le royaume et au-delà. L'interprétation erronée  de l'alinéa 2 de l'article 475 du Code pénal a permis à des juges de forcer la mineure violée à épouser son bourreau.

 

Après un feu vert du gouvernement islamiste et un vote favorable à la chambre des conseillers en mars 2013, les députés se sont à leur tour prononcés mercredi 23 janvier, en séance plénière, en faveur de la suppression de l'alinéa décrié. Cet amendement a été approuvé à l'unanimité des présents, ont précisé les sources parlementaires.

 

"Aujourd'hui, Amina Filali peut enfin reposer en paix. Depuis 2012, il a fallu attendre et c'est grâce à la lutte menée par les ONG et la mobilisation de certains groupes parlementaires que nous avons pu aboutir", a réagi auprès de l'AFP la députée du parti Authenticité et modernité (PAM), Khadija Rouissi.

 

"C'est un pas très important, mais qui n'est pas suffisant (...). Nous appelons à une révision complète du code pénal pour les femmes", a pour sa part souligné Fatima Maghnaoui, responsable d'une ONG soutenant les victimes de violences.

 

ONG, médias et politiques ont été unanimes à saluer le vote des parlementaires. Dans un communiqué, Amnesty International a salué "un pas dans la bonne direction". Mais l'ONG basée à Londres a elle aussi fait valoir la nécessité d'une "stratégie globale pour protéger les femmes et les jeunes filles des violences".

 

Fin 2012, la ministre de la Famille, Bassima Hakkaoui, avait souligné que six millions de femmes --sur une population totale de 34 millions d'habitants-- étaient victimes de violences au Maroc, dont plus de la moitié dans le cadre conjugal.

 

Un projet de loi devant permettre de sanctionner sévèrement leurs auteurs fait actuellement l'objet de vifs débats et, face aux critiques, le gouvernement a été contraint de revoir sa copie.

 

L'ONG Avaaz a, pour sa part, remis au parlement une pétition de plus d'un million de signatures exhortant les autorités à aboutir au plus vite dans ce dossier.

 

Source : AFP/Aufaitmaroc