Migrants : un accord conclu à Bruxelles avec la Turquie

17 octobre 2015 à 2h08 par La rédaction

Les pays européens ont tenu un nouveau conseil, jeudi 15 octobre, consacré aux migrants et à leur collaboration avec la Turquie, pays par où transite l'essentiel du flux de réfugiés venus du Moyen-Orient. La Commission a annoncé dans la nuit qu'elle avait conclu un « plan d'action commun » avec ce pays, qui héberge lui-même plus de deux millions de réfugiés syriens. Alors que les relations de l'UE et de la Turquie sont gelées, que le processus en vue d'une éventuelle adhésion est au point mort et que l'Europe craint la dérive autoritaire du président Erdogan, cette dernière a désormais grand besoin de la Turquie pour endiguer les flux migratoires. Elle est donc prête à faire des concessions, en regardant avec anxiété les élections législatives que M. Erdogan a convoquées le 1er novembre, tout en lançant une guerre contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et en polarisant le champ politique à l'extrême, risquant de précipiter son pays dans le chaos. La chancelière allemande a notamment confirmé que l'UE envisageait de débloquer une aide d'environ trois milliards d'euros pour aider la Turquie à garder les réfugiés syriens sur son sol et à les empêcher d'affluer en Europe. Cet aspect du plan devait encore être négocié « dans les prochains jours », a précisé le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker. Il relèverait du budget des Etats. Visite d'Angela Merkel à Ankara Le plan comprendrait par ailleurs une « accélération » des négociations pour faciliter l'octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l'UE. François Hollande a cependant dit avoir « insisté pour que, si libéralisation des visas il doit y avoir, avec la Turquie, ce soit sur des bases extrêmement précises et contrôlées ». Les chefs d'Etat et de gouvernement européens se méfient d'une possible exemption de visas pour les 78 millions de Turcs, que demande le président Recep Tayyip Erdogan. Une « libéralisation » se cantonnerait probablement dans un premier temps aux visas d'affaire et étudiants. Selon Mme Merkel, les dirigeants européens sont également convenus de relancer le processus d'adhésion de la Turquie et d'ouvrir de nouveaux chapitres de discussions. Ils n'ont toutefois pas encore décidé quels chapitres seraient ouverts. Angela Merkel a souligné que la Turquie avait déjà dépensé plus de sept milliards d'euros pour l'accueil de plus de deux millions de réfugiés syriens sur son sol et qu'elle n'avait reçu qu'un milliard d'euros d'aide extérieure. La chancelière allemande se rendra à Ankara dimanche 18 octobre pour vérifier, dit-elle, « si les promesses faites sont fiables ». Par ailleurs, le Conseil a retenu l'idée de la création, à terme, d'un corps de gardes-frontières européens, qui sera « progressivement mis en place », selon François Hollande. Durant le sommet, un migrant afghan a été tué par des gardes-frontières alors qu'il tentait de passer en Bulgarie depuis la Turquie. Il s'agit du premier cas connu de tir mortel de forces de l'ordre européennes depuis le début de la crise. Le premier ministre Boyko Borissov a quitté précipitamment le sommet. Lemonde.fr