Nouveau record du chômage, premier coup dur pour le nouveau gouvernement

Publié : 28 août 2014 à 11h58 par La rédaction

Premier coup dur pour le nouveau gouvernement Valls: le chômage a fortement augmenté en juillet et atteint un nouveau record de 3,424 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, après neuf mois d'affilée de hausse.

 

Pôle emploi a accueilli en juillet 26.100 inscrits supplémentaires (+0,8%) en catégorie A (sans aucune activité), a annoncé mercredi le ministère du Travail. En incluant l'outre-mer, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité s'élève à 3,689 millions (+0,7%).

 

En intégrant les chômeurs ayant exercé une petite activité, le nombre de chômeurs atteint aussi des records historiques: 5,084 millions en métropole (+40.600, +0,8%) et 5,387 millions avec l'outre-mer (+43.500, +0,8%).

 

Le chômage enregistre sa plus forte hausse depuis février. Il avait alors augmenté de 31.500 demandeurs d'emploi sans activité en métropole.

 

Cette mauvaise nouvelle survient au lendemain d'un remaniement, après les attaques de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg contre la politique économique du gouvernement.

 

Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, plus de 500.000 chômeurs supplémentaires ont poussé la porte de Pôle emploi.

 

François Rebsamen justifie la hausse de juillet par la "croissance nulle dans la zone Euro, comme en France". Le ministre du Travail, comme le Premier ministre Manuel Valls, avait annoncé dès le début de la semaine que les chiffres seraient mauvais.

 

La situation est "préoccupante", s'alarme Philippe Waechter, économiste chez Natixis.

 

"Les chefs d'entreprises ne perçoivent aucune perspective d'amélioration de l'économie, poursuit-il, ils n'ont donc aucune raison de recréer une dynamique d'emploi."

 

Cette morosité se ressent dans toutes les classes d'âge. Le chômage des jeunes, qui stagnait depuis octobre 2013, est reparti à la hausse (+0,7%). Pour eux, le gouvernement mise sur l'alternance. M. Hollande doit présider le 19 septembre une réunion pour "lever tous les obstacles" à l'apprentissage, avec pour objectif 500.000 apprentis en 2017.

 

"Les dispositifs d'accompagnement, de type emplois d'avenir, commencent à s'essouffler, on voit les limites de cette politique de contrats aidés", analyse Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE.

 

- 'insupportable', 'très mauvais', 'catastrophiques' -Le chômage des seniors (+0,7% en un mois, +11,6% en un an) et le chômage de longue durée (1,4% en un mois, +9,4% en un an) continuent d'exploser. Pour ces publics, François Hollande a confirmé début juillet les grandes lignes d'un "plan seniors" et érigé la lutte contre le chômage de longue durée en "cause nationale", sans toutefois annoncer de nouvelles mesures.

 

M. Ducoudré note "une augmentation de la précarité des inscrits à Pôle emploi parce qu'ils restent de plus en plus longtemps au chômage", 273 jours en moyenne.

 

Pour inverser la tendance, l'exécutif mise avant tout sur le pacte de responsabilité, "atout majeur de la lutte pour l'emploi" selon M. Rebsamen. Le ministre doit réunir le 10 septembre les 50 principales branches pour faire un premier bilan des contreparties au pacte.

 

Le gouvernement espère plusieurs centaines de milliers de créations de postes des 40 milliards d'euros octroyés aux entreprises d'ici à 2017 en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l'emploi, la formation et l'investissement. Mais ces contreparties sont, pour l'heure, bien maigres.

 

Invité à l'université d'été du Medef, Manuel Valls a demandé mercredi au patronat de faire "plus et plus vite", tandis que le patron des patrons Pierre Gattaz appelait à cesser de raisonner "en termes de donnant-donnant" dans l'application du pacte.

 

Dans la soirée, M. Gattaz a jugé sur France Info "pas bons du tout" mais "prévisibles" les mauvais chiffres de juillet. La CFDT a pour sa part dénoncé une situation "insupportable" et "exigé du patronat qu'il concrétise ses engagements" dans le cadre du pacte.

 

Les chiffres de juillet sont "très mauvais" pour Jean-Claude Mailly (FO), "catastrophiques" pour la CGT. Cette dernière estime que "la politique de l'offre nous conduit à une impasse économique et sociale".

 

Du côté des politiques, Luc Chatel, secrétaire général de l'UMP, a dénoncé une "spirale de l'échec", demandant au gouvernement de "changer de politique", tandis que le Front national a "exigé de nouvelles élections législatives" face à l'"échec complet" de l'exécutif.

 

Hausse après hausse, l'objectif, fixé par M. Rebsamen, de "ramener le nombre de chômeurs le plus près possible des trois millions" en 2017 s'éloigne.

 

AFP