Paris et Téhéran veulent ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations

Modifié : 28 janvier 2016 à 16h53 par La rédaction

L'Iran et la France se sont dits prêts à tisser "une relation nouvelle" lors d'une visite officielle à Paris du président iranien Hassan Rohani dominée par des accords économiques avec Total et PSA Peugeot Citroën, et des échanges diplomatiques sur la Syrie. "Oublions les rancoeurs", a déclaré M. Rohani, en appelant à profiter de "l'atmosphère positive" suscitée par la levée des sanctions contre son pays pour donner "un nouvel élan" aux relations bilatérales. "Nous sommes prêts à tourner la page (pour) une relation nouvelle entre nos pays", a-t-il déclaré devant des industriels français. "L'Iran peut compter sur la France", a répondu le Premier ministre français Manuel Valls. "La France est prête à mobiliser ses entreprises, ses ingénieurs et ses techniciens, ses ressources nombreuses pour contribuer à la modernisation de votre pays", a-t-il ajouté, en appelant à "des partenariats ambitieux" et "des coopérations de long terme". Depuis la révolution islamique de 1979, les relations entre Téhéran et Paris ont traversé nombre de crises jusqu'à l'apaisement obtenu à la faveur d'un accord international en juillet sur le programme nucléaire iranien. M. Rohani devait achever sa visite jeudi soir, après un entretien et la signature d'accords avec son homologue François Hollande.  La question des droits de l'Homme en Iran ne sera pas escamotée, a-t-on assuré de source française. Selon Amnesty International, la République islamique est le pays qui exécute le plus de mineurs au monde. Reporters Sans Frontières a dénoncé un pays devenu "l'une des cinq plus grandes prisons au monde pour les journalistes". -Appel à la 'ruée'- A la faveur de la levée des sanctions internationales, l'Iran et ses 79 millions d'habitants s'ouvrent aux industriels occidentaux, et Paris compte bien y prendre sa part. "A nous Français de nous ruer (en Iran) et de ne pas perdre de temps", a résumé Pierre Gattaz, président de la principale organisation patronale française. Le géant pétrolier Total a annoncé la signature d'un contrat pour acheter à Téhéran "entre 150.000 et 200.000 barils par jour" de pétrole brut. L'Iran dispose des quatrièmes réserves mondiales d'or noir et exporte un peu plus d'un million de barils sur les 2,8 millions produits chaque jour. Le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a officialisé son retour très attendu dans le pays, via une coentreprise avec Iran Khodro qui pourra investir jusqu'à 400 millions d'euros sur cinq ans. PSA, premier constructeur automobile occidental à annoncer son retour en Iran depuis la levée des sanctions, espère produire à terme 200.000 modèles par an.  Son concurrent Renault, resté en Iran durant la crise sur le nucléaire, a promis de son côté qu'il y "intensifierait ses activités", avec "de nouveaux lancements de modèles", dès que "des relations fluides auront repris entre les banques françaises et iraniennes". Dès dimanche, le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi avait annoncé "le contrat pour l'achat de 114 Airbus serait signé" lors de la visite de M. Rohani. Cependant, à l'heure actuelle, il ne peut y avoir autre chose que des lettres d'intention ou des protocoles d'accords, car l'embargo n'est pas entièrement levé, selon une source proche du dossier. - Jouer un rôle 'positif' - Les autorités françaises ont accordé jeudi au président Rohani le privilège rare des honneurs militaires. "Cette visite ouvre une période de discussions pour essayer d'accompagner l'Iran dans son retour sur la scène internationale, et faire en sorte qu'il joue un rôle positif, en particulier sur l'affaire syrienne", a-t-on indiqué de source diplomatique française. De difficiles négociations intersyriennes sont planifiées vendredi à Genève, pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait au moins 260.000 morts. Acteur majeur de la crise syrienne, l'Iran est un soutien indéfectible du président Bachar al-Assad, dont Paris demande le départ. Autre dossier diplomatique: la crise aiguë entre Téhéran et Ryad.  Dans une allusion à l'Arabie saoudite, le président Rohani a déclaré que "certains pays ont voulu utiliser" le terrorisme, mais "c'est une grenade dégoupillée qu'ils ne peuvent pas garder dans leur main". M. Hollande a récemment appelé à la "désescalade" entre l'Iran et l'Arabie saoudite, qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l'exécution d'un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l'ambassade saoudienne à Téhéran. AFP