Plus que quelques heures de révision, d'angoisse ou de repos pour les candidats au bac

Modifié : 16 juin 2015 à 14h54 par La rédaction

L'art, la liberté, le bonheur, Platon, Kant et Descartes: le marathon des épreuves écrites du baccalauréat débute mercredi avec l'épreuve de philosophie pour des centaines de milliers de candidats désireux de décrocher ce diplôme vieux de 200 ans, qui sanctionne la fin de la scolarité. 

Pour le bac professionnel (un tiers des effectifs), mercredi est le jour de l'épreuve de français. 

Ils sont au total 684.734 à plancher jusqu'au 24 juin pour les épreuves écrites, dans plus de 4.200 centres d'examen en France. Avec les candidats aux épreuves anticipées (que passent les élèves de première), on atteint le million de postulants. 

Les candidats aux baccalauréats général (352.400) et technologique (135.164) ne passent qu'une épreuve par jour (hors option), sur six journées, articulées autour du week-end. Un calendrier qui vise à ce que "les candidats puissent donner le meilleur d'eux-mêmes", déclare Florence Robine, directrice générale de l'enseignement scolaire (Dgesco). "C'est ça, l'évaluation", les placer dans de bonnes conditions. 

Le week-end doit permettre aux jeunes gens de se reposer et revoir quelques dernières fiches, à condition de résister à la tentation: la Fête de la musique tombe en effet ce week-end là. Sylvie Royant-Parola, médecin et spécialiste du sommeil, recommande "d'être au lit à minuit". 

La philosophie est sans doute l'épreuve qui inquiète le plus les élèves. Selon les libraires, les annales de philo sont parmi leurs meilleures ventes. 

Haytham al-Aswad, jeune réfugié syrien arrivé à Paris en 2012, espère "avoir un sujet sur la liberté". Même si cette matière n'a qu'un faible coefficient en terminale scientifique, le jeune homme, un matheux, dit avoir découvert en France la philosophie et "vraiment compris ce qu'était la liberté". 

A l'approche du jour J, les élèves révisent leurs cours, bachotent les annales (par exemple sur eduscol.education.fr/base-examens, service gratuit) et téléchargent des applis de quiz et d'exercices. 

- Des détecteurs de connexion -

 

Pour évacuer la pression, certains ados disent faire du sport, écouter de la musique, regarder des séries ou... fumer des joints. Eva, une lycéenne angoissée de nature, a opté pour la méditation. Des séances avec une formatrice l'ont aidée à gérer "le trop-plein d'émotion", explique-t-elle à l'AFP. 

Si les élèves se préparent, c'est aussi le cas des 170.000 examinateurs et correcteurs mobilisés sur tout le territoire. L'élaboration des 2.900 sujets de juin 2015 a démarré dès mai 2014. Mercredi, les surveillants seront à l'honneur. C'est d'abord sur eux que repose la détection des tricheurs, "qui ne représentent qu'une proportion très marginale des candidats, environ 0,1 pour 1.000" selon le ministère de l'Education. 

Des appareils de détection de connexion via les téléphones, tablettes ou montres connectées, sont répartis de manière aléatoire dans les salles d'examen. Les sanctions sont lourdes, jusqu'à l'interdiction de passer le bac ou tout autre diplôme du supérieur pendant cinq ans. 

Toute rumeur de fraude ou de fuites --un phénomène récurrent sur internet-- déclenche une enquête de police. 

Autre particularité de la session 2015, le début du ramadan coïncide avec les épreuves écrites: un défi pour les candidats musulmans qui, selon la tradition, ne peuvent trouver dans les examens un motif valable pour s'abstenir de jeûner. 

"Il peut cependant y avoir des situations où la personne n'arrive pas à assumer le jeûne. A l'impossible nul n'est tenu", déclare Anouar Kbibech, prochain président du Conseil français du culte musulman, comme en écho à un passage du Coran ("Dieu veut pour vous la facilité et non la difficulté"). 

Depuis 2012, le taux de réussite au bac dépasse les 80%. En 2014, 88% des candidats, toutes voies confondues, ont empoché le diplôme. La proportion de bacheliers dans une classe d'âge est montée à 77,4%, proche de l'objectif des 80% de jeunes gens au niveau bac, fixé en 1985 par le ministre de l'Education de l'époque Jean-Pierre Chevènement. La proportion de bacheliers n'était que de 3% en 1945 et de 30% au début des années 80. 

AFP