Présidentielle en Algérie : Le fatalisme gagne la classe politique après l'officialisation de la candidature de Bouteflika

Publié : 4 mars 2014 à 17h10 par La rédaction

La candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika en dépit des interrogations sur sa santé a poussé d'autres candidats, convaincus que le scrutin est joué d'avance, à jeter l'éponge, un fatalisme largement souligné par la presse mardi.

 

Abdelaziz Bouteflika, âgé de 77 ans et au pouvoir depuis 15 ans, a officiellement annoncé lundi 3 mars sa candidature pour un quatrième mandat présidentiel en Algérie  en présence du président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci, devant les seules caméras de la télévision publique.

 

La candidature du président sortant en dépit des interrogations sur sa santé a poussé d'autres candidats, convaincus que le scrutin est joué d'avance, à jeter l'éponge, un fatalisme largement souligné par la presse mardi.

 

Il s'agissait de la première déclaration publique de M. Bouteflika depuis l'AVC dont il a été victime le 27 avril 2013. Son dernier discours date de mai 2012 à Sétif (ouest). Il avait alors laissé entendre qu'il fallait laisser la place aux jeunes.

 

Le quotidien francophone El Watan a écrit dans son éditorial "Une déclaration liminaire, expéditive, en guise de sevrage pour plus de 22 mois d'éclipse de l'espace public", relevant "une image altérée et une voix inaudible" du candidat-président.

 

Le journal Liberté s'est interrogé mardi sur le nom du médecin qui a délivré "le sésame" à M. Bouteflika, en référence au certificat médical que tout candidat à la présidentielle doit présenter.

 

"Bouteflika n'est pas parti les mains vides puisque son dossier de candidature a été accompagné de 4 millions de signatures", relève toutefois l'éditorialiste du quotidien francophone. "Autant dire qu'avec un soutien populaire de cette ampleur, l'élection présidentielle du 17 avril prochain est presque jouée d'avance", poursuit-il.

 

Pour le politologue Rachid Grim, "les carottes sont cuites pour tous. Il se présente, il est élu. L'administration travaille pour lui".

 

Le message que fait circuler le gouvernement depuis un an est "Bouteflika c'est la stabilité", a déclaré M. Grim à l'AFP.

 

"C'est le seul message qui risque d'avoir un impact sur les votants", selon lui, en référence au contexte géo-politique de l'Algérie.

 

Les candidats à la présidentielle quant à eux semblent résignés par la candidature du président sortant:

L'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour a choisi de retirer sa candidature estimant que "les forces de la fraude ont pris le dessus".

 

Le général à la retraite Mohand Tahar Yala qui voulait lui aussi briguer la présidence a également jeté l'éponge face à une présidentielle qu'il a jugée "truquée à l'avance". Cet ancien haut dirigeant de la marine nationale a solennellement appelé à l'arrêt du processus électoral.

 

Mardi, à quelques heures de la clôture des candidatures, six prétendants, dont M. Bouteflika et l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, considéré comme le principal challenger du président sortant avaient déposé leur dossier.

 

L'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, avait appelé jeudi à faire tomber le régime de Bouteflika "dans le calme", avec l'aide de l'armée, estimant que le président n'était plus en mesure de diriger le pays.

 

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, centriste) et deux formations islamistes, Mouvement pour la société et la paix (MSP) et Ennahda, avaient appelé les candidats à "se retirer de cette tromperie électorale" dès que le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait annoncé la candidature de Bouteflika la semaine dernière.

 

La perspective d'un 4e mandat du président a provoqué des manifestations à travers le pays, dont une réprimée violemment samedi à Alger, et donné naissance à un mouvement de contestation, baptisé "Barakat".

 

Source : AFP