Qui décrochera le Graal des prix littéraires ?

3 novembre 2014 à 17h21 par La rédaction

La fièvre monte parmi les finalistes avant le Goncourt et le Renaudot, mercredi, précédés par le Femina et le Médicis, une course disputée par des favoris comme David Foenkinos, un challenger plébiscité par la critique, Kamel Daoud, et une poignée d'outsiders.

 

Après le prix de l'Académie française à Adrien Bosc, le Femina et le Médicis, qui couronnent chacun un roman français, un étranger et un essai, seront attribués respectivement lundi et mardi avant le Goncourt et le Renaudot, décernés en choeur le 5 novembre.

 

Suivront le prix Décembre le 6, le prix de Flore, le 13, et l'Interallié le 20.

 

Pour le Goncourt, le plus convoité de tous, consécration pour un auteur et gage d'envolée des ventes, deux femmes et deux hommes restent en lice: Pauline Dreyfus, Lydie Salvayre, Kamel Daoud et David Foenkinos.

 

"Aucune idée sur ce qui va se passer" lors du vote, confie à l'AFP l'un des dix jurés.

 

Bernard Pivot, nouveau président de l'Académie Goncourt, reste lui-même indécis. Suspense...

 

Néanmoins, vingt critiques littéraires interrogés par le magazine spécialisé Livres Hebdo donnent David Foenkinos gagnant, avec "Charlotte". Ce ne sont là que des pronostics éclairés.

 

L'auteur de "La Délicatesse", énorme best-seller porté à l'écran, rend dans ce long chant en vers libres un vibrant hommage à la jeune artiste Charlotte Salomon, assassinée à Auschwitz en 1943, avec une ferveur touchante et un bel effort d'écriture.

 

S'il décrochait le Graal, son éditeur Gallimard ferait un joli doublé, après le Nobel de Patrick Modiano. "Charlotte", tiré à 160.000 exemplaires, garantirait un "très bon Goncourt" en termes de ventes, comme celui de 2013, "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre, bientôt adapté au cinéma par Dupontel.

 

-Camus revisité avec virtuosité-

 

Face à ce "goncourable" de 40 ans à l'allure juvénile, les mêmes critiques soulignent la "réussite exceptionnelle" de "Meursault, contre-enquête", premier roman virtuose de l'Algérien Kamel Daoud, 44 ans.

 

Le chroniqueur du Quotidien d'Oran y donne la parole au frère de "l'Arabe" anonyme tué par Meursault dans "L'Etranger" d'Albert Camus (1942), avec en contrepoint, l'histoire passée et présente de l'Algérie.

 

S'il couronnait ce roman exigeant, paru d'abord en Algérie, le jury jouerait une autre partie: la révélation d'un écrivain. Son éditeur, Actes Sud, a déjà remporté en 2012 le Goncourt avec Jérôme Ferrari.

 

Les Goncourt pourraient aussi choisir de sacrer une femme: Lydie Salvayre, avec "Pas pleurer" (Seuil), sur la guerre civile espagnole, ou Pauline Dreyfus avec "Ce sont des choses qui arrivent" (Grasset), qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale, du côté des nantis. La dernière lauréate du Goncourt a été Marie N'Diaye en 2009.

 

Si ce n'est pas le Goncourt, David Foenkinos pourrait décrocher le Renaudot. Il est l'un des cinq finalistes de ce prix, dont le jury reste souvent imprévisible et adepte des "coups".

 

Fera-t-il ainsi le choix de l'ultra médiatique Amélie Nothomb, avec le picaresque "Pétronille" ? La France, le champagne et l'amitié sont les héros de son 23e roman paru chez Albin Michel. Serge Joncour, Pierre-Yves Leprince et Jean-Jacques Moura, moins connus du grand public, sont aussi sur les rangs.

 

Lundi, les dames du Femina auront à départager cinq romans français et cinq étrangers, dont la Polonaise Grazyna Jagielska avec "Amour de pierre" (Les Equateurs). Aucune star parmi les finalistes des romans français, parmi lesquels le beau livre d'une Haïtienne, Yanick Lahens, "Bain de lune" (Sabine Wespieser) ou le sombre "Terminus radieux" (Seuil) d'Antoine Volodine.

 

Les pronostics s'avèrent également difficiles pour le Médicis qui aligne huit romans français et sept étrangers, dont la Canadienne Margaret Atwood. Se distinguent parmi les français, Eric Reinhardt, avec l'émouvant "L'amour et les forêts" (Gallimard), écarté du Goncourt, ou Laurent Mauvignier avec "Autour du Monde" (Minuit), un saisissant roman choral.

 

AFP