Régionales : Succès historique de l'extrême droite française lors du premier scrutin après les attentats

Publié : 7 décembre 2015 à 12h38 par La rédaction

Le parti d'extrême droite Front national (FN) est arrivé dimanche largement en tête lors d'élections régionales en France, premier scrutin tenu depuis les attentats jihadistes meurtriers du 13 novembre. Le premier tour de ces régionales a vu le FN obtenir un score national record de 27,2 à 30,8% des voix, selon des estimations d'instituts de sondage. Le scrutin, pour lequel un deuxième tour est prévu le 13 décembre, représente le dernier test électoral avant la présidentielle de 2017. Dimanche, le FN a devancé l'opposition de droite et les socialistes du président François Hollande dans trois régions clés: au nord (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), où se présente sa présidente Marine Le Pen, dans le sud-est (Provence-Alpes-Côte d'Azur), où il est emmené par la nièce de cette dernière, Marion Maréchal Le Pen, et dans l'est (Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine), avec le stratège du parti, Florian Philippot. Le Front national est aussi en tête dans le centre (Centre-Val de Loire, dans le centre-est (Bourgogne-Franche-Comté) et le sud (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées). Marine Le Pen a obtenu dans sa région entre 40,3 et 43% des voix, selon les estimations. Marion Maréchal-Le Pen est créditée dans le sud-est de 41,2% à 41,9% des voix. Dans le nord, c'est "un résultat magnifique que nous accueillons avec humilité", a déclaré Marine Le Pen. "Nous avons vocation à réaliser l'unité nationale dont le pays à besoin", a-t-elle affirmé. Dans le sud, "42% ! Merci !", a twitté Marion Maréchal-Le Pen. 44,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Le taux de participation dimanche est d'environ 50%, soit une forte progression par rapport au scrutin régional de 2010, qui avait été marqué par une très forte abstention. Le Parti socialiste au pouvoir dirigeait jusqu'à présent la quasi-totalité des régions. Il était crédité dimanche de 22,7 à 24%.Promis à une large victoire avant les attentats de Paris, le parti Les Républicains de l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy avait vu ces dernières semaines les intentions de vote en sa faveur s'éroder au profit du Front national.  Son parti a obtenu dimanche 27 à 27,4% des voix, selon des estimations. Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il n'y aurait "ni fusion" avec la gauche, "ni retrait" face au FN pour le deuxième tour. Trois semaines après les attentats meurtriers de Paris - 130 morts, des centaines de blessés -, revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique, les mesures de sécurité avaient été renforcées autour des bureaux de vote, dans le cadre de l'état d'urgence. Policiers et militaires en armes patrouillaient notamment les rues de Paris. Souvent méconnues des Français, les compétences des 13 régions vont de la gestion des lycées aux aides aux entreprises en passant par les transports publics. Après des percées spectaculaires l'an dernier aux municipales et aux européennes, le FN consolide fortement son ancrage en France. Le Premier ministre Manuel Valls avait souligné avant le vote que le bulletin de vote était "une arme" contre le terrorisme alors que la campagne électorale a été largement éclipsée par les attentats du 13 novembre, les pires à avoir frappé la France. Après ces attaques, le parti de Marine Le Pen s'est trouvé conforté dans son discours nationaliste et anti-immigration par la révélation que deux des kamikazes avaient gagné la France après s'être glissés parmi des migrants débarqués en Grèce. Les socialistes au pouvoir n'ont pas tiré profit du spectaculaire regain de popularité de François Hollande, dont la gestion des attentats a reçu un large soutien dans l'opinion. Le parti présidentiel pâtit de l'envolée du chômage, monté en octobre à 10,2% de la population, son plus haut niveau depuis 1997. Il souffre aussi de la faiblesse de l'ensemble de la gauche, qui s'est présentée divisée au premier tour, même s'il espère la rassembler au second. L'issue du scrutin final dépendra beaucoup de l'attitude pour le second tour du PS et des Républicains dans les régions susceptibles de basculer à l'extrême droite: désistement voire alliance pour tenter de lui barrer la route, ou triangulaires risquant d'assurer sa victoire. Les élections régionales sont les dernières prévues en France avant la présidentielle de 2017, pour laquelle Marine Le Pen est aussi donnée en tête des intentions de vote au premier tour. OLJ/AFP