Thalys: le suspect au Palais de justice pour être mis en examen

Publié : 25 août 2015 à 16h41 par La rédaction

A l'issue d'une quatrième journée de garde à vue, Ayoub El Khazzani, le jeune Marocain soupçonné d'avoir voulu commettre un carnage dans un Thalys, a été déféré mardi après-midi au palais de justice de Paris. Sa garde à vue a été levée à 14H00 et il a été déféré au tribunal, selon une source judiciaire, pour être présenté au juge d'instruction en vue d'une mise en examen, avant qu'un magistrat spécialisé ne statue sur sa détention. Pieds nus, les yeux masqués et menotté dans le dos, El Khazzani, cheveux courts et tenue bleu clair, est arrivé à bord d'une voiture dans une cour du palais, ont montré des images d'i-TELE. Le procureur de la République de Paris François Molins devait tenir une conférence de presse à 17H00, a annoncé le parquet, qui devrait ouvrir une information judiciaire. Maîtrisé par des passagers alors qu'il sortait des toilettes armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs, d'un pistolet Luger et d'un cutter, le jeune homme de 25 ans, décrit comme "squelettique" par l'avocate qui l'a assisté aux premières heures de sa garde à vue, a réfuté tout acte terroriste lors de ses premières auditions. Ses déclarations n'ont pas convaincu les enquêteurs, qui ont retrouvé sur lui un portable, activé seulement le vendredi matin, une source proche du dossier. Sur son téléphone, Ayoub El Khazzani a consulté une vidéo de chants jihadistes "entre le moment où il acheté son billet et l'instant où il est entré dans le train", quelques heures plus tard. Outre la question d'éventuelles complicités ou de commanditaires de son geste, l'enquête va devoir retracer le parcours sinueux du jeune Marocain. La police belge a mené lundi soir deux perquisitions à Bruxelles, dans le quartier populaire de Molenbeek-Saint-Jean, pour tenter de déterminer les "lieux de séjour" d'Ayoub El Khazzani, selon le parquet fédéral. Selon le journal La Dernière Heure, ces perquisitions ont été menées "chez la soeur du suspect ainsi que chez un ami à lui, où il aurait résidé plusieurs jours". - Se "préparer à d'autres assauts" - Arrivé en Espagne en 2007, vers 18 ans, et installé à Algesiras (sud) où vit son père, le suspect avait déjà été signalé pour ses discours radicaux dans des mosquées et s'était fait connaître pour trafic de drogue. Début 2014, les services espagnols de renseignement signalent à leurs homologues français son intention de franchir la frontière. Un passage en France désormais attesté, puisque l'opérateur de téléphonie mobile Lycamobile a confirmé que le Marocain y avait bien travaillé de février à avril 2014, avant une rupture, car ses papiers "ne lui permettaient pas de travailler en France". Un an plus tard, le 10 mai 2015, Ayoub El Khazzani est repéré à Berlin d'où il s'envole pour la Turquie. Serait-il ensuite allé en Syrie, où des zones sont contrôlées par l'organisation Etat islamique (EI)? Il a raconté à son avocate s'être déplacé au cours des six derniers mois en Belgique, Allemagne, Autriche, France et en Andorre. Si le projet meurtrier d'El Khazzani a échoué, "nous devons nous préparer à d'autres assauts et donc nous protéger", a mis en garde mardi François Hollande, soulignant que "l'agression qui s'est produite vendredi aurait pu dégénérer en un carnage monstrueux". La veille, le chef de l'Etat avait remis la Légion d'honneur à plusieurs passagers qui avaient empêché Ayoub El Khazzani d'agir. Parmi eux, un Américain, militaire en vacances, a été blessé au cutter, tandis qu'un autre passager, blessé par balle et hospitalisé à Lille, était toujours dans un état jugé "préoccupant" lundi soir. Une parade sera organisée à Sacramento (Californie) pour célébrer les "héros" américains, les trois hommes qui sont intervenus dans le Thalys ayant des liens étroits avec cette ville. Déjà décoré de la Légion d'honneur, l'un d'eux, le soldat Spencer Stone va recevoir la plus haute distinction accordée à un membre de l'armée de l'air américaine, "pour un acte de courage hors combat". AFP