Un Smic élevé exclut les non-qualifiés du marché du travail, selon l'Institut Montaigne

Publié : 12 février 2015 à 14h00 par La rédaction

L'Institut Montaigne plaide, dans un rapport publié jeudi, pour une baisse du coût du travail autour du Smic, jugeant que le niveau actuel du salaire minimum exclut les travailleurs les moins qualifiés du marché du travail.

 

"Malgré les politiques de baisse des cotisations, le Smic continue d'être une forte barrière à l'entrée sur le marché du travail pour les non-qualifiés en France", écrit le think tank d'inspiration libérale.

 

Entre 1990 et 2010, le Smic a augmenté de 28% et le coût du travail non qualifié de 12%, alors que le salaire net moyen ne se valorisait que de 10%, fait remarquer l'Institut Montaigne. Le Smic a atteint 1.457,53 euros bruts mensuels (+0,8%) au 1er janvier.

 

"En 2014, ajoute le think tank, le coût pour l'employeur d'un Smic à temps plein en France était d'environ 19.500 euros par an, contre environ 12.600 euros au salaire fédéral minimum américain".

 

Or selon l'Institut, qui s'appuie sur des chiffres de l'Insee, "le chômage de masse concerne en France exclusivement les travailleurs peu qualifiés".

 

En 2012, plus de 61% des chômeurs avaient un niveau d'étude inférieur au baccalauréat. Le taux de chômage des personnes ayant un niveau égal ou inférieur au brevet avoisinait 15%, contre 5% pour ceux ayant fait des études supérieures.

 

Fin 2014, 3,496 millions de demandeurs d'emploi sans activité étaient inscrits à Pôle emploi en métropole, un record.

 

Il existe pourtant, selon l'Institut, des viviers d'emplois dans des secteurs comme l'hôtellerie, la restauration, la santé, la garde d'enfants ou encore l'informatique.

 

Mais pour les exploiter, "il convient de s'atteler résolument à diminuer le coût du travail non qualifié", préconise le think tank. "Il est encore possible de diminuer les cotisations sociales sans toucher au Smic", poursuit-il.

 

"Au niveau du salaire minimum, l'effet sur l'emploi est fort et, contrairement à une analyse répandue, ce type de mesures n'enferme pas les employés dans des +trappes à bas salaires+", assure l'Institut Montaigne.

 

La politique de baisse du coût du travail lancée par le gouvernement ne trouve toutefois pas grâce aux yeux de l'Institut Montaigne. Celui-ci critique notamment le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) qui s'applique aux salaires inférieurs ou égaux à 2,5 Smic.

 

"Les allègements de charges proposés par le CICE, parce qu'ils touchent en large partie des niveaux de salaires où le marché du travail est au plein emploi, se traduisent mécaniquement par des hausses du salaire net et non par des créations d'emplois", déplore-t-il.

 

De nouvelles baisses de cotisations, ciblées cette fois sur les plus bas salaires, sont entrées en vigueur au 1er janvier dans le cadre du Pacte de responsabilité. Désormais, l'employeur d'un Smicard ne paient plus aucune cotisation de sécurité sociale.

 

AFP