Visite de Valls au Maroc le 10 avril pour poursuivre l'opération de réconciliation
Publié : 8 avril 2015 à 12h49 par La rédaction
Manuel Valls poursuit jeudi à Rabat l'opération de réconciliation franco-marocaine, après une brouille diplomatique de plus d'un an, avant d'enchaîner par une visite au Portugal dans le cadre plus balisé de sa tournée européenne.
Après le séjour privé du roi Mohammed VI en France en février, marquée par une rencontre à l'Elysée avec François Hollande, puis des déplacements des ministres français Bernard Cazeneuve et Laurent Fabius au Maroc, le Premier ministre veut contribuer selon son entourage au "retour à la normale" des relations franco-marocaines, qui avaient brutalement tourné à l'aigre à la suite d'un incident diplomatique début 2014.
Après une audience avec le roi (16H30), il rencontrera vers 18H00 le chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkirane, dans une visite express de quelques heures à Rabat. Il pourrait également se recueillir dans le mausolée qui abrite les tombes des souverains défunts Mohammed V et Hassan II, selon Matignon.
"Il y a vraiment une volonté française, et une volonté franco-marocaine, de faire redémarrer notre coopération bilatérale, de la reprendre telle qu'elle était. Et la visite du Premier ministre est en quelque sorte le point d'orgue de cette séquence de retour à la normale", souligne-t-on à Matignon.
La brouille diplomatique avait débuté en février 2014 lorsqu'un juge français avait demandé l'audition à Paris du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, qui fait l'objet de plaintes pour "torture".
Rabat avait alors suspendu sine die sa coopération judiciaire et les relations dans la lutte contre le terrorisme avaient aussi subi les effets de la fâcherie. Une situation devenue impossible après les attentats à Paris début janvier, qui ont confirmé la gravité de la menace jihadiste.
"Le contexte a incontestablement joué. Nous avons besoin avec notre partenaire marocain d'un fonctionnement absolument normal de la coopération sécuritaire et judiciaire. Le Maroc a besoin de cette coopération avec la France, nous, nous avons besoin de cette coopération avec le Maroc", souligne-t-on à Paris.
Outre une visite du ministre des Finances Michel Sapin auMaroc le 12 avril, le déplacement de Manuel Valls précède une "rencontre de haut niveau" prévue avant l'été.
Quant à M. Hammouchi, il doit être élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur, a promis Bernard Cazeneuve en février, un hommage critiqué par plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme.
Selon Matignon, Paris entend également valider "au plus vite" au niveau parlementaire la nouvelle convention judiciaire franco-marocaine, destinée à éviter tout nouveau "couac" avec Rabat en multipliant les informations croisées sur les procédures judiciaires en cours. Signée fin janvier, elle avait marqué le premier acte du rapprochement entre les deux alliés mais n'a pas encore passé en France la première étape du Conseil d'Etat français.
Quittant le Maroc dans la soirée jeudi après un dîner avec son homologue, Manuel Valls poursuit ensuite son déplacement vendredi au Portugal, neuvième étape de la tournée de l'Union européenne entamée après sa nomination à Matignon il y a un peu plus d'un an.
Il rencontrera vendredi matin les milieux d'affaires franco-portugais, pour un discours bien rodé sur les réformes menées en France et l'objectif de restaurer le terrain perdu en termes de compétitivité.
Dans un Portugal durement affecté par la crise économique, Manuel Valls entend aussi répéter le message passé le mois dernier à Bruxelles, à savoir que "l'horizon ne peut pas être que celui de l'austérité". Même si Lisbonne a fait et fait encore beaucoup d'efforts pour ses finances publiques, au point de s'inquiéter d'éventuelles concessions accordées à la gauche radicale en Grèce.
Manuel Valls rencontrera au Palais de Belem, le président portugais Anibal Cavaco Silva, puis le Premier ministre de centre-droit Pedro Passos Coelho, alors que se profilent fin septembre début octobre les élections législatives portugaises.
Il s'emploiera également à soigner la diplomatie économique, la France étant le deuxième investisseur au Portugal, derrière l'Espagne. Récemment, le groupe Altice a mis la main sur l'opérateur Portugal Telecom, emboîtant ainsi le pas au géant du BTP Vinci qui avait repris en 2013 la gestion de l'aéroport de Lisbonne.
AFP