Appel à débloquer les investissements entre la France et l'Algérie

Modifié : 12 juin 2015 à 17h13 par La rédaction

RADIO ORIENT

Le premier forum économique algéro-français organisé à Paris a encouragé jeudi les PME à investir dans les deux pays pour redynamiser leurs liens économiques et peser ensemble sur le marché africain, en dépit des freins rencontrés de part et d'autre.

 

"Mes amis, qu'attendez-vous pour venir prendre part au +miracle économique+" algérien?, a lancé le président de la Chambre de commerce algérienne de commerce et de l'industrie (CACI), Mohamed Laid Benamor.

 

"Nous avons besoin" de l'apport des PME françaises "pour diversifier notre économie et renforcer notre tissu industriel", a pour sa part souligné Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE, organisation patronale algérienne).

 

"Nous sommes convaincus que les investissements français qui sont de moins de 2 milliards (d'euros) aujourd'hui peuvent évoluer rapidement pour atteindre les 10 milliards au cours des cinq prochaines années", a-t-il dit devant quelque 300 participants réunis dans la capitale française.

 

L'Algérie, où le président français François Hollande se rendra lundi pour une journée de travail avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, prévoit elle-même de débloquer plus de 260 milliards de dollars d'investissements publics en cinq ans.

 

"L'Algérie est un terrain prioritaire et facile d'investissements", a assuré Jean-Claude Volot du Medef, la principale organisation patronale française. "C'est plus simple que de s'installer en Chine".

 

Les Chinois, justement, sont devenus les premiers fournisseurs de l'Algérie en 2013 au détriment de la France qui avait gardé ce rang pendant un demi-siècle.

 
- "Peut mieux faire" -
 

Actuellement, 450 entreprises françaises, dont quelques grands groupes comme Alstom, Lafarge, Danone ou encore Renault, mais surtout des TPE et PME, sont implantées en Algérie, ce qui représente 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects, selon la CACI.

 

Il y a 7.000 entreprises françaises qui exportent vers l'Algérie, dont l'économie dépend entièrement des hydrocarbures.

 

"Peut mieux faire" des deux côtés, s'accordent à dire tous les intervenants au forum qui s'inscrit dans un "partenariat stratégique" signé par les deux pays en décembre 2012.

 

D'autant que stratégiquement, la France représente une "porte d'entrée vers l'Europe" et l'Algérie une "ouverture sur le continent africain".

 

"On ne peut aller en Afrique qu'avec un partenariat franco-algérien", soutient le vice-président du FCE, Brahim Benabdeslam. "Utilisez l'Algérie comme un 'hub' pour vos exportations vers l'Afrique".

 

Les atouts d'une économie francophone aux fondamentaux solides dotée de grandes réserves minières et d'un "riche capital humain" de 40 millions d'habitants sont égrenés à l'envi.

 
- Des freins persistants -
 

Là-bas, font-ils valoir, les PME étrangères peuvent bénéficier de prix bas de l'énergie, des retards à combler dans les infrastructures, l'industrie agro-alimentaire et le numérique, d'un un secteur de la pêche "pas encore suffisamment exploité", ou encore celui du tourisme "pas très développé".

 

Mais certains investisseurs étrangers sont découragés par le principe dit des 51/49 qui les oblige à constituer une coentreprise avec un partenaire algérien, qui la détienne à hauteur d'au moins 51%. De plus, la bureaucratie freine aussi l'investissement, reconnaissent certains participants.

 

Au Medef, "on préfère un 49/51" dans la structure du capital, affirme M. Volot qui comprend le réflexe algérien de protection concernant les investissements stratégiques mais "pas pour les activités courantes".

 

Cette règle "n'est peut-être pas amenée à être éternelle" mais "elle est indispensable à ce stade pour garantir la pérennité des projets", rassure-t-on côté algérien.

 

Autres handicaps de l'économie algérienne : le marché informel et les conditions de transfert de devises compliquées.

 

L'Algérie, qui a été contrainte de réviser son budget en raison de la dégringolade des prix du pétrole, s'est engagée cette année à durcir la lutte contre la corruption, le commerce informel et les transferts illégaux de devises.

 

"L'Algérie est le seul pays au monde où il faut une autorisation pour créer de la richesse ", avait déploré mardi le patron de Cevital, le groupe algérien qui a racheté le fabricant d'électroménager Brandt en avril.

 

AFP