Calais: un accord franco-britannique attendu à Calais, Cazeneuve à Berlin

Publié : 20 août 2015 à 13h24 par La rédaction

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Bernard Cazeneuve va signer jeudi à Calais, avec son homologue britannique Theresa May, un accord sur les migrants, sujet au coeur des entretiens qu'il aura ensuite à Berlin où le gouvernement s'attend à un nombre record de demandeurs d'asile cette année.

 

Les ministres français et britannique de l'Intérieur visiteront dans la matinée le site d'Eurotunnel, avant de rencontrer les forces de l'ordre, et signeront une convention de recrutement des agents de sécurité, a indiqué le ministère dans un communiqué.

 

Après une table ronde sur la coopération franco-britannique en matière de lutte contre l'immigration illégale, ils rencontreront des responsables du centre d'accueil Jules Ferry et signeront un accord comprenant plusieurs volets.

 

Cet accord prévoit une section "renforçant l'engagement commun pour la sécurité du site, la lutte conjointe et résolue contre les filières criminelles de passeurs, les trafics d'êtres humains et l'immigration clandestine", alors qu'une économie de l'ombre s'est développée pour faire gagner la Grande-Bretagne aux migrants.

 

Selon le Home Office, des policiers britanniques vont être déployés à Calais pour lutter spécifiquement contre les passeurs, dans le cadre de cet accord.

 

Eurotunnel a dénombré jusqu'à 1.700 tentatives d'intrusion par nuit début août, avant une décrue à 100 ou 200 en moyenne ces derniers jours. La sécurité a déjà été fortement renforcée sur le site, avec l'installation de nouvelles clôtures et l'arrivée de renforts policiers.

 

Mais le Syndicat des cadres de la Sécurité intérieure (SCSI - CFDT), majoritaire chez les officiers de police, a dénoncé mercredi une "situation explosive" sur le site.

 

Et la maire (Les Républicains) de Calais, Natacha Bouchart, a de nouveau tapé du poing sur la table en demandant à Londres et Paris 50 millions d'euros de "compensations financières" pour les "préjudices" provoqués par l'afflux de migrants.

 

Depuis début juin, neuf migrants sont morts en tentant de gagner l'Angleterre.

 

- "Défi" -

 

Début août déjà, le Royaume-Uni s'était engagé à renflouer de 10 millions d'euros le fonds créé en septembre 2014 pour sécuriser le port de Calais, et doté initialement de 15 millions d'euros sur trois ans.

 

L'accord comprendra, d'autre part, des mesures "renforçant le dispositif humanitaire développé sur place avec les associations et les élus locaux, en particulier pour la protection" des "plus vulnérables".

 

Les migrants bénéficient d'un accueil de jour avec douches et repas au centre Jules-Ferry, et des places de nuit sont aussi réservées aux femmes et aux enfants. Mais la situation des quelque 3.000 migrants vivant dans la "new jungle" qui s'est développée sur la lande voisine est si dégradée, malgré les aménagements réalisés par les pouvoirs publics sur le bidonville, que des associations ont décidé cet été de lancer leur propre opération humanitaire.

 

Début août, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies a appelé la France à présenter un plan d'urgence "global" pour traiter la crise à Calais, avec les moyens mobilisés lors des catastrophes naturelles.

 

Bernard Cazeneuve poursuivra sa visite à Berlin où il rencontrera son homologue Thomas de Maizière, qui a annoncé mercredi que l'Allemagne attendait cette année "jusqu'à 800.000 demandeurs d'asile", un record absolu pour ce pays de 81 millions d'habitants.

 

"C'est un vrai défi que nous allons surmonter", a-t-il affirmé, en assurant que l'Allemagne "n'est pas débordée".

 

La chancelière Angela Merkel avait estimé dimanche que la question des migrants allait occuper les Européens "bien plus que la Grèce et la stabilité de l'euro".

 

L'Europe peine à trouver la réponse face à la hausse des arrivées de migrants sur ses côtes. En juillet, leur nombre a atteint le niveau record de 107.500, soit un triplement sur un an, selon des chiffres publiés mardi par l'agence européenne Frontex.

 

Les gouvernements européens se sont entendus le mois dernier pour réinstaller 22.504 réfugiés venus des camps syriens, mais pour les demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce, les ministres de l'Intérieur sont restés en dessous de l'objectif de 40.000 prises en charge.

 

AFP