France: l'immigration progresse, les défis de l'intégration demeurent selon OCDE

Publié : 1er décembre 2014 à 17h02 par La rédaction

RADIO ORIENT
L'immigration vers la France a légèrement progressé en 2012, suivant une tendance observée depuis plusieurs années, mais "les défis de l'intégration perdurent", constate l'OCDE.

 

La France a accueilli 258.900 migrants permanents en 2012, dont une grande partie d'Européens. Cela représente une hausse de 8% sur un an, précise l'Organisation de coopération et de développement économiques dans son rapport annuel publié lundi, alors que le gouvernement a mis en chantier deux projets de réforme de l'immigration et du droit d'asile.

 

Le niveau de migrants arrivant en France est comparable à celui du Royaume-Uni (286.000) ou de l'Italie (258.000), mais inférieur à l'Allemagne (400.000). Par rapport à 2007, l'immigration a augmenté de 21% en France en 2012, dernière année pour laquelle l'OCDE a des chiffres complets.

 

Néanmoins, la part des flux d'immigration dans la population totale reste faible en France (0,4%), "à un des niveaux les plus bas observés dans les pays de l'OCDE".

 

On a aujourd'hui retrouvé des niveaux comparables à la fin des années 1970, après le choc pétrolier, souligne-t-on à l'OCDE. Après un creux, "on assiste à une hausse tendancielle de l'immigration vers la France depuis quelques années", note Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations.

 

Si l'on retire toutefois les ressortissants de l'Espace économique européen et la Suisse, l'immigration permanente a augmenté de 6% pour atteindre 163.000 entrées en 2012, au plus haut depuis 2006. Cette augmentation est liée en grande partie au regroupement familial (+7%).

 

En 2012, la plupart des ressortissants de pays tiers admis en France venaient d'Afrique (61%), essentiellement d'Algérie (25.000 personnes), du Maroc (20.000) et de Tunisie (12.000). L'Asie était la deuxième région d'origine, avec la Chine (7.200 personnes) et la Turquie (6.100).

 

Mais "les défis de l'intégration perdurent", avertit l'OCDE. 

 

- Expulsions en hausse -
 

 

La France est ainsi le troisième pays d'accueil de l'OCDE pour les étudiants étrangers: 270.000 au total, soit un doublement depuis 2000. Mais "une part encore élevée des jeunes immigrés formés en France se retrouve sans emploi à l'issue de leurs études", déplore le club des pays riches.

 

De même, les flux de migrants hautement qualifiés sont de faible ampleur "et la proportion d'immigrés très peu éduqués reste élevée en comparaison internationale", affirme l'organisation.

 

Sans faire de préconisations, elle souligne que la France a mis en place des programmes d'intégration obligatoires pour certains migrants, et se félicite de son attitude "très proactive auprès des entreprises en matière de politique de gestion de la diversité".

 

"Toutefois, en comparaison internationale, une faible proportion des immigrés est en emploi et cette part est très en deçà de celle observée chez les natifs", déplore l'OCDE. Près de 16% de la population active née à l'étranger était au chômage en 2012-2013, soit sept points de plus que parmi la population née en France.

 

"Il faut oublier cette idée reçue qu'accueillir des migrants coûte cher", a martelé le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria lors de la présentation du rapport à Paris. "Les migrants sont un atout, pas un problème", a-t-il ajouté, assurant qu'au niveau mondial, l'évaluation de l'immigration d'un point de vue budgétaire était également "positive".

 

S'agissant de l'asile, la France a enregistré 41.000 demandes d'adultes et 14.000 de mineurs en 2012, provenant surtout de République démocratique du Congo, de Russie, du Sri Lanka, de Serbie ou du Monténégro.

 

Le nombre de naturalisations a diminué, tombant à 96.000, soit 16% de moins qu'en 2011. Le nombre d'acquisitions de nationalité par décision administrative a baissé à 46.000 cas, sans doute du fait "du durcissement des conditions d'admissibilité et, en particulier, de l'instauration d'exigences plus strictes quant à la connaissance de la langue", note le rapport.

 

Enfin le nombre d'expulsions du territoire a augmenté d'environ 9%, concernant 23.000 personnes, selon les chiffres de l'OCDE.

 

AFP