Intervention française en Syrie : les élus plus que jamais divisés

Modifié : 16 septembre 2015 à 13h14 par La rédaction

RADIO ORIENT

Alors que les députés discutent, ce mardi, de l'engagement militaire de la France en Syrie, Manuel Valls a exclu toute intervention terrestre française.

 

Manuel Valls a défendu mardi devant l'Assemblée nationale l'engagement français enSyrie, limité à l'aviation, en excluant à nouveau toute intervention terrestre occidentale, précisant toutefois que la France « soutiendrait » celle d'une coalition « de pays de la région ». Tout comme le Premier ministre, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a affirmé être favorable à une intervention internationale terrestre en Syrie, mais sans la France.

 

Plusieurs responsables de partis et de groupes ont réagi à l'intervention du Premier ministre. Certains ont reproché « les incohérences » du gouvernement dans le dossier syrien. Pour Christian Jacob, député-maire Les Républicains de Provins (Seine-et-Marne), on « ne peut intervenir qu'avec un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU et avec l'accord des grandes puissances régionales. On ne peut rien faire sans les Russes, mais aussi sans l'Arabie saoudite, la Turquie et même l'Iran. (...) La question n'est plus de savoir s'il faut intervenir », mais « comment nous intervenons ? » Même son de cloche pour Benoist Apparu, député LR de la Marne. Le député estime que l'intervention au sol n'est pas envisageable. « Il faudrait discuter avec la Russie », précise-t-il.

 

Une « option irréaliste »

 

De son côté, le député écologiste, François de Rugy, soutient la décision du gouvernement et plaide pour des vols de reconnaissance, sans intervention terrestre. « Une intervention militaire au sol serait irréaliste et inconséquente, comme l'a dit le président il y a quelques jours», a-t-il affirmé. Le député PS Philippe Nauche rejoint aussi la position du Premier ministre. Il y a « une menace directe sur notre sécurité nationale » et « notre pays n'a d'autre choix que d'exercer son droit de légitime défense, tel que défini à l'article 51 de la Charte des Nations unies ». Des frappes lors des vols de reconnaissance « s'inscriraient dans une légalité internationale tout à fait transparente. » Mais envoyer des troupes au sol est une « option irréaliste ». « Qui, à ce jour, peut croire qu'à elle seule, la France, avec quelques milliers de soldats, réglerait la situation en Syrie ? »

 

Le Front de gauche se montre également opposé à toute intervention. « Nous entendons de plus en plus de va-t-en-guerre qui veulent une intervention au sol en Syrie. Sans résolution de l'ONU. C'est une folie et les députés Front de gauche s'y opposent », a déclaré François Asensi, devant l'Assemblée nationale. Jacques Moignard, député du groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste, exclut aussi toute intervention des forces terrestres. « La Syrie s'enfonce chaque jour davantage dans la violence et le chaos » et Daesh fait montre d'une « dangerosité exceptionnelle » dans la région mais brandit aussi une « menace terroriste sur notre sol », ce qui « nécessite donc une action » avec de possibles frappes aériennes, mais « l'idée d'envoyer des forces au sol est exclue ».

 

« Rien ne peut se faire sans les Russes »

 

A contrario, le président du groupe UDI, Philippe Vigier est plutôt favorable à desfrappes au sol en Syrie. Le député a d'ailleurs déploré qu'une intervention en Syrie n'ait pas été menée « il y a deux ans » : « Si on y va, c'est pour 18 ou 24 mois, avec une guerre impitoyable », a-t-il souligné. Et d'ajouter que « rien ne peut se faire sans les Russes ». « La France doit être le fer de lance d'une mobilisation internationale, sous l'égide des Nations unies, en prenant la mesure de la nécessité d'obtenir une résolution pour une opération au sol autour des puissances de la région (Arabie saoudite, Egypte, Iran, Turquie), avec une participation active des Etats-Unis, aux côtés de la France et de l'Europe, sans oublier la Russie. (...) Entre deux maux, il faut avoir le courage de choisir le moindre. Si, dans l'indicible horreur, Daesh et le régime syrien se valent, force est de constater que l'un nous fait la guerre, et l'autre pas » a également souligné Philippe Folliot, député centriste du Tarn.

 

Par ailleurs, dans la matinée, le patron des députés communistes, André Chassaigne avait estimé que la France était « en situation d'échec par rapport à Daesh sur le plan militaire, diplomatique, et humanitaire, avec la persécution des minorités ». De son côté, Valérie Pécresse entend demander un dispositif de contrôle contre le risque « d'infiltrés terroristes ». Sur Twitter, ce matin, elle réclamait un dispositif de contrôle, vérification et croisement de fichiers pour éviter le risque d'une pénétration « d'infiltrés terroristes » sur le sol français parmi les réfugiés.

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