L'ONU s'accroche aux négociations en Libye malgré le rejet du plan de paix
Modifié : 21 octobre 2015 à 18h38 par La rédaction
L'ONU s'est dite décidée mercredi à poursuivre les négociations pour tenter de sortir la Libye du chaos après le rejet par plusieurs parties libyennes du plan de paix des Nations unies, en clamant qu'il n'existait aucune autre "alternative". "Le processus (de négociations) va se poursuivre. La solution politique est l'unique alternative", a assuré l'émissaire onusien pour la Libye, Bernardino Leon, lors d'une conférence de presse au siège de la mission des Nations unies dans ce pays (UNSMIL) à Tunis. "Le dialogue continue. Très bientôt nous espérons que le gouvernement proposé sera à Tripoli (...). Le processus est vivant et il y aura une solution politique pour la Libye", a-t-il insisté, annonçant que de nouvelles réunions auraient lieu "dans les prochains jours". Au terme de près d'une année de négociations, M. Leon était parvenu le 9 octobre à arracher un accord sur un gouvernement d'union nationale aux représentants des parties en conflit présents à Skhirat (Maroc). Ces propositions comprenaient la désignation d'un Premier ministre, Fayez el-Sarraj, et de 17 ministres. D'autres noms avait été choisies: ceux des cinq membres du Conseil présidentiel dont devait aussi faire partie M. Sarraj. Elles ont toutefois ensuite été rejetées par le Parlement dit de Tripoli, instance soutenue par des milices dont certaines islamistes. Lundi soir, la majorité du Parlement internationalement reconnu de Tobrouk (est) a, à son tour, refusé -sans vote- le contenu de l'accord. Les groupes qui ont rejeté l'accord "n'ont pas été en mesure de formuler des contre-propositions. C'est juste un message négatif (de leur part), un simple non", a déploré M. Leon. Mais "la majorité des Libyens veut une solution politique" et "de petits groupes ou des personnalités ne parviendront pas à prendre le processus en otage", a-t-il affirmé. - Sanctions? - La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et deux autorités politiques se disputent le pouvoir depuis l'an dernier, l'une basée à Tripoli et l'autre, la seule reconnue internationalement, basée dans l'est. Le pays est en outre déchiré par des combats entre différents mouvements armés, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI). L'économie s'est écroulée et le pays sert de point de départ à des milliers de migrants traversant la Méditerranée vers l'Europe. La communauté internationale tente de faire pression pour la signature d'un accord sur un gouvernement d'unité. Des pays occidentaux et arabes avaient appelé lundi les Libyens "à adopter immédiatement l'accord politique" proposé par l'ONU. Le Conseil de sécurité avait de son côté menacé samedi de sanctionner "ceux qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de la Libye ou cherchent à empêcher la réalisation de la transition politique". "Il est temps maintenant pour les parties participant au dialogue politique d'approuver la proposition et de signer l'accord sans délai", avait exhorté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. "Voyons ce qui se passe dans les prochains jours (...) mais je suis sûr que nous allons les voir (le Conseil de sécurité et le comité des sanctions, ndlr) penser à ces sanctions", qui pourraient prendre la forme d'interdictions de voyage ou de mesures concernant des comptes bancaires, a dit mercredi M. Leon. "Ce que nous voyons aujourd'hui en Libye, c'est un petit groupe de personnes, des durs des deux camps et des personnalités qui décident d'utiliser leur pouvoir pour empêcher, dans ce cas, un vote démocratique", a-t-il regretté. AFP