Le Conseil du culte musulman réuni samedi, en attendant une nouvelle ère

Publié : 29 mai 2015 à 16h22 par La rédaction

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Le Conseil français du culte musulman (CFCM) se réunit samedi, et reçoit le ministre de l'Intérieur: l'organe représentatif de l'islam, fragilisé et contesté, espère être définitivement rassuré sur son rôle dans l'"instance de dialogue" en préparation.

 

Laïcité oblige, Bernard Cazeneuve n'assistera pas à proprement parler au conseil d'administration (CA) du Conseil du culte musulman, accueilli à la grande mosquée de Paris, dont le recteur Dalil Boubakeur préside le CFCM. Le ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, s'entretiendra cependant avec les membres du CA dans la matinée.

 

"Il est de tradition que des ministres de l'Intérieur viennent de temps en temps à la rencontre des administrateurs du CFCM. Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin l'avaient fait", explique à l'AFP Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF, de sensibilité marocaine).

 

"Mais cette fois le contexte est particulier, après les attentats de janvier et avec une très forte inquiétude de la communauté musulmane", poursuit ce vice-président du CFCM, évoquant la flambée des actes antimusulmans, six fois plus nombreux au premier trimestre 2015 que sur la même période de 2014.

 

"Le ministre souhaitera probablement envoyer un message fort sur la prise de conscience de cette réalité et rappeler que des mesures ont été mises en oeuvre pour sécuriser les lieux de culte", prédit Anouar Kbibech.

 
- Rôle pivot -
 

Les administrateurs du CFCM attendent aussi d'être pleinement rassurés sur le fonctionnement de l'"instance de dialogue" annoncée par le gouvernement le 25 février afin de mieux représenter les quatre à cinq millions de musulmans en France, pratiquants ou non, dans leur diversité.

 

L'idée est de donner aux pouvoirs publics des interlocuteurs plus divers que le CFCM, créé en 2003 et largement critiqué pour son manque de représentativité de la deuxième religion de France. Contesté, affaibli, le CFCM a pu craindre d'être concurrencé voire remplacé à terme par cette structure à la fois plus large et plus souple, qui doit se réunir au moins deux fois par an autour du Premier ministre, sur le modèle de l'"instance Matignon" mise en place en 2002 pour l'Eglise catholique.

 

"Il faut que le CFCM garde ses prérogatives, que cette instance de dialogue vienne juste compléter l'espace d'échanges existant", soutient Anouar Kbibech. "Le ministre a toujours été clair sur le fait que le CFCM serait le pivot de cette instance de dialogue, qu'il resterait l'interlocuteur de l'Etat", indique-t-on dans l'entourage de Bernard Cazeneuve.

 

La nouvelle instance doit tenir sa première réunion avant le début du ramadan, qui commencera autour du 18 juin. Mais à ce jour rien n'a filtré sur sa composition, qui devrait comprendre des imams, des théologiens et des islamologues, en plus des membres du CFCM et des présidents des 25 conseils régionaux du culte musulman (CRCM).

 

"Quelle sera la place des anciens, à qui l'on reproche la cacophonie actuelle ?", s'interroge le secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), M'hammed Henniche, très critique envers les principales fédérations composant le CFCM, sous influence consul 

"Les jeunes n'écoutent plus le CFCM", tranche cet acteur de terrain qui s'alarme que le salafisme, ce fondamentalisme wahhabite déjà présent dans une centaine de mosquées et porté par des imams à forte audience sur le net, soit "devenu l'un des plus grands mouvements musulmans en France".

 

"Le risque, c'est qu'à force de vouloir plaire à tout le monde, on ne fasse rien", relève-t-il.

 

Quel que que soit son sort à terme, le CFCM entrera dans quelques semaines dans une nouvelle ère: le 30 juin, Anouar Kbibech succèdera pour deux ans à Dalil Boubakeur à la présidence tournante de ce conseil qui doit ensuite être dirigé, de 2017 à 2019, par Ahmet Ogras, représe

 AFP