Le "Conseil national du 14 Mars" créé, dix ans après la révolution du Cèdre
Modifié : 15 mars 2015 à 4h07 par La rédaction
A l'occasion du 10e anniversaire du 14 mars 2005, célébré samedi au complexe du Biel, au centre-ville de Beyrouth, les forces du 14 Mars ont annoncé la formation d'une nouvelle instance consultative, le "Conseil national du 14 Mars", et d'un "front libanais de la modération à même de créer un réseau pour connecter les modérés partout dans le monde arabe".
Cette annonce a été faite à l'issue des travaux d'un congrès tenu en présence de près de 500 cadres du 14 Mars. Plusieurs des pôles de cette coalition étaient présents à la réunion, qui s'est ouverte par un projet de document, longuement débattu par les participants. Parmi les présents : l'ancien Premier ministre et chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, le chef du parti Kataëb, l'ancien président de la République Amine Gemayel, ainsi que plusieurs ministres, députés et personnalités de la société civile.
Cette nouvelle structure qui prendra forme au sein du 14 Mars doit consacrer un retour aux sources du soulèvement de 2005, c'est-à-dire à ses acteurs civils. Dans une allocution prononcée pour l'occasion, Fouad Siniora a déclaré que le "Conseil national du 14 Mars" sera un cadre qui réunira tous les partis ainsi que les indépendants et la société civile. Il a expliqué qu'un comité de préparation, composé d'une vingtaine de personnes, a été mis en place dans le but de mettre au point les règlements internes du Conseil et sa feuille de route. Les membres du Conseil seront nommés d'ici d'eux mois et son secrétaire général sera élu par les participants au congrès de samedi.
"Nous appelons à la solidarité dans le but de mettre fin à la violence, au respect des résolutions internationales et à un partenariat entre les musulmans et les chrétiens au sein d'un Etat civil", a déclaré M. Siniora.
Dans une allusion claire au Hezbollah et à l'Iran, l'ancien Premier ministre a ajouté : "Notre camp ne veut la défaite de personne mais ne permettra pas non plus sa défaite par quiconque". Et de poursuivre : "Nous voulons le retour de tous les Libanais au Liban Etat, pas sous les conditions d'une confession, d'un parti ou d'une force régionale précise mais dans le respect de la Constitution, à commencer par l'élection d'un président".
Critiquant dans le même temps le régime syrien de Bachar el-Assad "coupable de crimes contre l'humanité", M. Siniora a estimé qu'il est "à la base du terrorisme qui menace le monde entier".
"Nous lançons aujourd'hui une nouvelle dynamique qui pourrait limiter les conséquences de la violence et paver la voie à une +intifada de la paix" devenue aujourd'hui nécessaire si nous voulons rester dans un pays et au sein d'un Etat", a conclu M. Siniora.
Dans un entretien à L'Orient-Le Jour, le coordinateur général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, avait expliqué que le Conseil national du 14 Mars se veut "une plateforme libre et ouverte à toutes les +minorités+, sunnite, chiite, druze et chrétienne : toutes les communautés auront un cadre transcommunautaire de prise de décision politique unifiée, ce qui est une première". Le financement transparent de ce conseil, qui se limite à des versements annuels par ses membres, est censé être le gage de son indépendance véritable, y compris à l'égard des partis politiques du 14 Mars, avait-il ajouté, coupant court aux rumeurs qui, dans la presse, font état de tentatives de sabordage de l'initiative par les formations traditionnelles.
L'Orient Le Jour