Liban/Salam met en garde contre "ceux qui tentent d'utiliser la colère du peuple pour semer le chaos"

Modifié : 8 septembre 2015 à 12h55 par La rédaction

RADIO ORIENT

Le Premier ministre, Tammam Salam, a qualifié dimanche le mouvement populaire qui secoue le pays d'"expression de la colère du peuple contre la détérioration de ses conditions de vie", mettant en garde contre "ceux qui tentent d'utiliser cette colère populaire pour semer le chaos dans le pays."

S'exprimant lors d'une rencontre avec une délégation de dignitaires religieux venue du Akkar, le chef du gouvernement a estimé que "le chaos n'est pas la solution". "La radicalisation envenime les problèmes, elle ne les résout pas", a-t-il jugé.

Décrivant la situation actuelle comme "très, très difficile", M. Salam explique que "la persistance des différends politiques, qui ont conduit jusqu'ici le pays à la paralysie du Parlement et du gouvernement ainsi qu'au vide présidentiel, ne peut mener le pays qu'à l'effondrement".

Par ailleurs, le Premier ministre a salué l'initiative de dialogue lancée par le président du Parlement, Nabih Berry, qui doit se tenir mercredi. Le collectif "Vous puez !", qui dénonce, entre autres, l'incapacité de la classe politique à trouver une solution à la crise des déchets qui frappe le pays depuis le 17 juillet, a accusé M. Berry, de ne pas prendre en considération les demandes des manifestants, qualifiant son appel au dialogue de "tentative visant à unifier la classe politique contre les citoyens". Le collectif a ainsi appelé à une"mobilisation pacifique" mercredi "en face de la Place de l'Etoile", dans le centre-ville de Beyrouth, au moment où se tiendra la séance de dialogue.

L'un des activistes du collectif, en grève de la faim depuis quatre jours devant le siège du ministère de l'Environnement au centre-ville de Beyrouth, a été transporté dimanche soir à l'hôpital par la Croix-rouge libanaise. Youssef el-Jurdi fait partie d'une dizaine d'activistes du collectif "Vous Puez !" qui s'abstiennent de manger afin de réclamer la démission du ministre Mohammad Machnouk. Pour eux, il assume la responsabilité de l'échec au niveau du dossier de la crise des déchets

A Tyr, au Liban-sud, des dizaines d'activistes du collectif "Nous réclamons des comptes" ont manifesté afin de dénoncer la classe politique qu'ils accusent de corruption. "Qui est responsable de la corruption du pays depuis des décennies?", s'est interrogé un porte-parole du collectif, rapporte la chaîne LBCI. "Nous souffrons tous de coupures de courant, de la crise des déchets, du chômage... Nous sommes des jeunes pacifistes. Nous voulons la stabilité, mais nous réclamons nos droits également. Nous voulons la fin du système confessionnel. Il est temps qu'il y ait des réformes et que des comptes soient rendus", a-t-il lancé.

Sleiman et S. Gemayel pour une réunion urgente du Conseil des ministres

Plus tôt en cours de journée à Yarzé, l'ancien président de la République, Michel Sleiman, le président des Kataëb, Samy Gemayel, et les ministres les représentant au sein du gouvernement ont appelé dimanche à la convocation d'une réunion urgente du Conseil des ministres, afin de régler la question des déchets.

Samy Gemayel, accompagné des ministres de l'Information, Ramzi Jreige, et du Travail, Sejaan Azzi, s'était rendu à Yarzé pour y rencontrer Michel Sleiman, en présence des ministres de la Défense, Samir Mokbel, des Déplacés, Alice Chaptini, et de la Jeunesse et des Sports, Abdel Mottaleb Hennaoui.

M. Sleiman, qui a donné lecture d'un communiqué publié à l'issue des discussions, a indiqué que la solution à toutes les crises qui frappent le Liban débute par l'élection d'un chef de l'Etat selon les règles constitutionnelles. La vacance présidentielle a paralysé l'action de toutes les institutions, a-t-il relevé.

"Tout dialogue doit pousser les blocs parlementaires et les députés à assister aux séances consacrées à l'élection d'un chef de l'Etat, conformément à leur devoir constitutionnel", a-t-il dit. Le Liban est sans président depuis le 25 mai 2014. La dernière séance électorale au sein du Parlement ayant à nouveau tourné court, un prochain scrutin a été fixé au 30 septembre.

En outre, les personnes réunies à Yarzé ont souligné que la liberté de manifester était un "droit naturel et constitutionnel".

L'Orient Le Jour