Mosquée de Lagny: trois associations dissoutes, une première depuis les attentats de novembre

Modifié : 13 janvier 2016 à 17h04 par La rédaction

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Trois associations cultuelles ayant animé une mosquée présentée comme salafiste à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), fermée début décembre après des perquisitions, ont été dissoutes mercredi en Conseil des ministres, une première depuis les attentats du 13 novembre, a annoncé Bernard Cazeneuve.

 

"Il a été décidé de procéder à la dissolution de trois associations cultuelles en raison de propos tenus par leurs dirigeants au cours des dernières années appelant à la haine et au jihad", a déclaré le ministre de l'Intérieur dans la cour de l'Elysée. "Il n'y a pas de place dans la République pour des structures qui provoquent, qui appellent au terrorisme ou appellent à la haine", a-t-il insisté, à l'issue du Conseil des ministres.

 

Lors du Conseil des ministres, "il a été rappelé (...) que la lutte contre les prêcheurs de haine serait totale", a souligné le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. "C'est une détermination du gouvernement qui a été exprimée et relayée par le président de la République", a-t-il poursuivi, ajoutant que, "en même temps, (...) la place des musulmans est dans la République française".

 

Selon lui, la première association dissoute s'appelle Retour aux sources, "de laquelle découlent les deux autres": Le retour aux sources musulmanes et l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne. Elles se livraient à "des actions qui étaient clairement des actions d'incitation au jihad", a-t-il affirmé.

 

Il s'agit de la première mesure de dissolution d'associations liées à des mosquées depuis l'instauration de l'état d'urgence dans les heures qui ont suivi attentats parisiens du 13 novembre.

 

D'autres mosquées ou salles de prière ont été fermées, mais pour la durée de l'état d'urgence - en vigueur jusqu'au 26 février -, sans dissolution des associations cultuelles les gérant.

 

Cette mesure de dissolution, qui ne peut être prise qu'en Conseil des ministres, avait été annoncée le 2 décembre, le jour d'une opération de police visant la mosquée de Lagny. La mosquée avait alors été fermée, première mesure de ce genre jamais prise pour motif de radicalisation. Des munitions pour kalachnikov, des vidéos de propagande et du "matériel pédagogique" avaient été saisis lors des perquisitions, qui avaient conduit à la notification de 22 interdictions de sortie du territoire et neuf assignations à résidence d'"individus radicalisés", selon les autorités.

 

Le président de l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne - qui gérait dernièrement la mosquée -, Mohammed Ramdane, avait dit sa surprise de voir les locaux fermés, en affirmant qu'"on n'a rien trouvé". "On n'a rien caché, on ne cache rien", avait-il assuré.

 

Des fidèles musulmans de Lagny, dont deux avaient été gardés à vue, avaient dénoncé une "injustice" et un "coup médiatique" du gouvernement.

 

L'imam salafiste français Mohamed Hammoumi, 34 ans, qui officiait dans cette mosquée jusqu'à son départ en Egypte fin 2014, était depuis un moment dans le viseur des autorités, qui lui reprochent d'avoir "joué un rôle majeur dans l'endoctrinement et le recrutement de volontaires pour le jihad en Syrie", où se sont enrôlés "une dizaine de ses fidèles". "Il a compté parmi ses élèves des personnes apparues dans l'entourage immédiat d'auteurs d'attentats terroristes", faisait valoir Bercy dans un arrêté pris en avril pour geler ses avoirs.

 AFP