Pénurie de personnel, de médicaments, insécurité: "désastre médical" en Syrie
Publié : 6 janvier 2015 à 13h45 par La rédaction
Pénurie de médecins, de matériels, de médicaments, réapparition de maladies éradiquées: des médecins syriens réunis à Paris ont alerté sur le "désastre médical et humanitaire" dans leur pays ravagé par bientôt quatre années de guerre.
"La situation est insupportable, catastrophique, et de nombreuses parties de la Syrie n'ont plus de présence médicale", a lancé le Dr Oubaida al Moufti, un médecin franco-syrien membre de l'Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), un réseau de médecins à l'intérieur et l'extérieur de la Syrie, soutenu notamment par Paris, lors d'une rencontre avec la presse lundi soir au Quai d'Orsay.
A Alep, la deuxième ville du pays, seuls cinq hôpitaux fonctionnent, dont trois partiellement, dans la partie orientale sous contrôle de l'opposition, où vivent 360.000 personnes encerclées par les forces du régime.
"Il n'y a plus que 30 médecins toutes spécialités confondues. Outre les blessés de guerre, nous voyons réapparaître des maladies comme la polio, la tuberculose, la gale ou la typhoïde", a raconté le Dr Abdelaziz, un médecin d'Alep, qui n'a donné que son prénom pour des raisons de sécurité.
Un autre professionnel a décrit une situation "insupportable" dans la Ghouta orientale, dans la banlieue de Damas, une zone encerclée depuis deux ans par les forces loyalistes et où "il n'y a aucune possibilité de faire entrer de l'aide humanitaire".
Dans les zones tenues par les jihadistes de l'Etat islamique, "les médecins peuvent travailler mais ils n'ont aucun soutien des ONG puisqu'elles ont toutes quitté ces territoires", a décrit l'un d'eux. Ainsi, à Raqqa, bastion du groupe EI dans le nord de la Syrie, où vivent 1,6 million d'habitants, "il n'y a aucun service d'obstétrique, de gynécologie ou de pédiatrie, les services sont très limités", a-t-il expliqué.
Selon le Dr Al-Moufti, 80% des accouchements en Syrie se font désormais à domicile, et une grande partie des enfants ne sont plus vaccinés.
AFP