Parlementaires français chez Assad: Valls condamne une rencontre avec "un boucher"

Modifié : 26 février 2015 à 14h16 par La rédaction

RADIO ORIENT

Le voyage de parlementaires français en Syrie où ils se sont entretenus avec Bachar al-Assad a continué de faire des vagues jeudi, Manuel Valls condamnant une rencontre avec "un boucher", et Jean-Christophe Cambadélis voulant sanctionner un membre PS de la délégation.

Une "faute" qui ne "les honore pas": le Premier ministre a dénoncé avec "la plus grande vigueur" sur BFMTV et RMC l'initiative des deux députés et deux sénateurs, de gauche et de droite.

Leur visite, commencée mardi, était une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Damas en mai 2012.

Dès l'annonce de la rencontre, mercredi, de trois d'entre eux avec le président syrien, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait pris ses distances: "initiative personnelle", sans rien d'officiel.

Mais, a observé Manuel Valls, "les parlementaires représentent la souveraineté nationale, ce qu'est ce pays". "Que des parlementaires aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher", "je crois que c'est une faute morale".

La délégation qui rentre en France jeudi après-midi comprend l'UMP Jacques Myard, le PS Gérard Bapt - qui n'a, lui, pas rencontré al-Assad - Jean-Pierre Vial, sénateur UMP, et François Zocchetto, sénateur centriste.

"Boucher" : le mot a aussi été employé sur RTL par Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. "J'ai écrit à Gérard Bapt, je le convoquerai et je prendrai des sanctions", a poursuivi le député de Paris à propos de celui de Haute-Garonne.

Sur France Inter, ce dernier a plaidé : "c'était une visite strictement privée", un "déplacement exploratoire pour retrouver le chemin de la compréhension et de la paix".

"Beaucoup de pays européens considèrent ce gouvernement comme fréquentable", "c'est une guerre civile", a insisté l'élu socialiste, par ailleurs médecin.

Même tonalité chez Jacques Myard sur Sud Radio: "nous sommes venus ici pour écouter, voir et échanger" "cet entretien s'est bien passé, nous avons passé un certain nombre de messages". "Il y a eu hier soir la libération d'un opposant au régime syrien, j'analyse cela comme étant un geste". "Si on veut mettre un terme à la guerre civile, on parle avec des gens avec qui on n'est pas d'accord" et "Bachar al-Assad sera partie prenante du règlement de ce conflit", a insisté l'élu des Yvelines.

Son collègue UMP Henri Guaino s'est insurgé sur Europe 1: "En vertu de quoi faudrait-il les sanctionner ?"

"Je suis en désaccord sur le fond de la démarche, le fait d'aller le voir", a dit le proche de Nicolas Sarkozy qui, à titre personnel, n'aurait pas fait ce voyage. Mais il partage: "nous sommes bien obligés de dialoguer avec Bachar al-Assad dès lors que nous avons un ennemi prioritaire, l'Etat islamique".

Mercredi l'ancien Premier ministre François Fillon avait assuré: "ils ont eu raison d'y aller, il faut écouter toutes les parties", "si j'avais l'occasion d'aller en Syrie, j'irais sûrement en Syrie".

Sur France Inter, le vice-président du FN est allé beaucoup plus loin dans l'approbation : "une initiative qui me paraît saine, intelligente".

"J'aurais aimé que la diplomatie française officielle - si tant est qu'elle ne soit pas mêlée à cette affaire - ait cette initiative".

Sur RFI, l'autre vice-président du FN Louis Aliot a soupiré : "que n'aurait-on pas dit si un député FN avait fait la même chose ! On aurait crié à la collusion avec la dictature".