Regroupement familial, nationalité, éloignements: l'immigration en chiffres
Publié : 6 octobre 2015 à 12h33 par La rédaction
Le projet de loi sur les droits des étrangers, examiné à partir de mardi au Sénat, touche à des questions récurrentes rendues plus passionnelles par l'actuelle crise migratoire. Ce texte mis en chantier il y a plusieurs mois concerne l'immigration légale, et non la demande d'asile, qui a fait l'objet d'une réforme adoptée cet été. Q: COMBIEN DE PERSONNES ARRIVENT LEGALEMENT CHAQUE ANNEE EN FRANCE? R: La France a accueilli 210.000 ressortissants de pays tiers en 2014, selon le ministère de l'Intérieur. C'est une petite hausse de 2% sur un an. L'essentiel des arrivées se font au titre du regroupement familial (92.000) suivies des étudiants (65.000). Viennent ensuite les titres accordés pour des raisons humanitaires (20.000) et économiques (19.000). Q: QUELS SONT LES PRINCIPAUX PAYS DE PROVENANCE DES PERSONNES ETRANGERES ARRIVANT LEGALEMENT? R: D'abord l'Algérie (25.000) et le Maroc (21.000), suivis de la Tunisie (13.000), de la Chine (8.000) et de la Turquie (6.000), selon les chiffres pour 2103 de l'OCDE. Q: COMBIEN DE PERSONNES ACQUIERENT LA NATIONALITE FRANCAISE CHAQUE ANNEE? R: L'an dernier, 105.000 personnes ont acquis la nationalité française, dont une grosse moitié (55.000) par naturalisation, 20.000 par mariage et 25.000 par "déclaration anticipée" qui concerne des mineurs nés en France de parents étrangers, selon le ministère. Si ces chiffres marquent une hausse par rapport à 2013 (+8,6%), ils ne sont pas revenus aux niveaux d'avant 2012, année où les acquisitions avaient plongé. En 2010 ainsi, la France avait intégré 143.000 nouveaux citoyens. Q: COMBIEN Y A-T-IL D'ETRANGERS EN FRANCE? R: Il faut bien distinguer les étrangers (qui résident en France mais n'ont pas la nationalité française) des immigrés (qui sont nés étrangers à l'étranger et résident en France). Un étranger peut être né en France (de parents étrangers), un immigré peut avoir acquis la nationalité française. Ainsi les deux catégories ne s'additionnent pas, même si elles se chevauchent largement. La France comptait 5,6 millions d'immigrés et 3,9 millions d'étrangers en 2012 selon l'Insee, soit respectivement 8,8% et 6,1% de la population totale. Sur 30 ans la part des étrangers en France n'a que légèrement évolué, puisque les pourcentages étaient de 7,4% et 6,8% en 1982. Q: COMBIEN LA FRANCE ELOIGNE-T-ELLE D'ETRANGERS EN SITUATION IRREGULIERE? C'est un sujet qui suscite des réactions tranchées. Selon le ministère, un peu plus de 15.000 personnes ont été éloignées de force en 2014, soit une hausse de 7,7% sur un an. Ce chiffre des expulsions prend en compte plusieurs catégories: les "réadmissions" vers un autre pays obligé, par traité, de le reprendre (5.300 personnes); les renvois de ressortissants de l'Union européenne (3.300, essentiellement des Roumains); et enfin les expulsions hors UE, qui se sont élevées à 6.500 en 2014, en hausse de 40%. A cela s'ajoutent les éloignements aidés (1.500) et les départs volontaires (6.117). Au total 27.600 personnes ont quitté le territoire l'an dernier, en hausse de 1,9%. Le gouvernement fait valoir que les chiffres ont longtemps été gonflés par la pratique de l'"OQTF flash", une obligation de quitter le territoire signifiée à un étranger partant de son plein gré le jour de son départ. Mais l'opposition, s'appuyant notamment sur un pré-rapport interne de la Cour des comptes chiffrant à 1% le nombre de déboutés de l'asile effectivement expulsés, dénonce le laxisme en la matière. "Le bon chiffre est autour de 20%" qui quittent effectivement le territoire, avait affirmé en juillet Bernard Cazeneuve, après la diffusion dans la presse de ce document dont la Cour avait déploré la publication "prématurée" et propice à une lecture "partielle et partiale". Q: COMBIEN LA FRANCE RECOIT-ELLE DE DEMANDES D'ASILE? R: Les demandeurs d'asile sont une catégorie à part et doivent être distingués de l'immigration légale. La France a reçu 65.000 demandes en 2014, en recul de 2,2% sur un an, selon l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Elle a accordé l'asile à 14.500 personnes. Même si une petite hausse est attendue pour cette année, la France est à contre-courant de ses voisins, notamment de l'Allemagne où les demandes pourraient atteindre un million en 2015, du fait de la crise des réfugiés. AFP