Tunisie - Attaque terroriste contre le Musée du Bardo, appels à l'union nationale

Publié : 19 mars 2015 à 18h24 par La rédaction

RADIO ORIENT

Les appels à l'union nationale se multipliaient jeudi en Tunisie, sous le choc de l'attaque du musée Bardo qui a fait une vingtaine de morts étrangers, au tout début de la saison touristique.

 

24 heures après la fusillade, le bilan officiel s'est alourdi, passant de 17 à 20 étrangers tués, a annoncé à la mi-journée le ministre de la Santé Said Aïdi. 13 d'entre eux ont été identifiés, dont trois Japonaises et deux Français. Au moins un Tunisien a également péri.

 

Une bonne partie de ces victimes étaient des croisiéristes descendus de leur paquebot en escale pour découvrir la capitale tunisienne et le musée Bardo, le plus prestigieux du pays.

 

Seule heureuse nouvelle, deux touristes espagnols portés disparus ont été retrouvés jeudi matin sains et saufs dans le musée, où ils avaient passé la nuit cachés à l'initiative d'un employé. Les autorités n'ont pas expliqué comment ils avaient pu ne pas être trouvés par la police mercredi.

 

Cet attentat sans précédent depuis la révolution de janvier 2011 a provoqué une très forte émotion dans le pays et de multiples appels à l'union nationale.

 

"Tous les Tunisiens et Tunisiennes" ont été appelés à "un rassemblement populaire silencieux" jeudi à 16H00 (15H00 GMT) près du musée par une trentaine d'associations et syndicats. Il s'agit de "montrer notre unité nationale dans la lutte contre le terrorisme", ont indiqué les organisateurs.

 

Plusieurs centaines de personnes s'étaient déjà rassemblées mercredi soir dans le centre de Tunis pour dénoncer cette attaque, criant notamment "La Tunisie est libre, les terroristes dehors".

 

Ces appels à l'unité ont été relayés par la presse, le quotidien La Presse exhortant "institutions, société civile, médias et citoyens" à "agir comme un seul homme" pour défendre "les intérêts de la patrie".

 

Le principal syndicat, l'UGTT a appelé à "mobiliser les forces du peuple et tous les organes de l'Etat à déclarer la guerre tous azimuts au terrorisme". Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi s'est dit convaincu que "le peuple tunisien se tiendra uni face à la barbarie".

 

L'attaque du Bardo est la plus grave depuis l'attentat suicide contre une synagogue à Djerba (sud) qui avait coûté la vie à 14 Allemands, deux Français et cinq Tunisiens en 2002. Al-Qaïda l'avait revendiqué.

 

C'est aussi la première fois depuis la révolution de janvier 2011 que des civils sont visés, alors que le pays s'est imposé comme un modèle de stabilité et d'ouverture dans le monde arabe, l'essentiel des Etats du Printemps arabe ayant basculé dans le chaos et la répression.

 

Le Premier ministre Habib Essid a identifié les deux assaillants comme Yassine Abidi et Hatem Khachnaoui, deux noms à consonnance tunisienne. Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, il s'agit "probablement" de Tunisiens.

 

"Pour le moment on ne peux pas dire s'ils appartiennent à l'une ou l'autre des organisations terroristes", a déclaré M. Essid à la radio française RTL, précisant qu'Abidi était connu des services de police.

 

Le Premier ministre avait fait état mercredi de deux ou trois complices possibles mais n'a donné aucune indication sur les opérations en cours pour les identifier.

 

M. Essid a aussi qualifié de "terrible" "l'impact économique" pour la Tunisie alors que le tourisme, déjà en crise, est l'un des secteurs stratégiques pour le pays.

 

La première conséquence est l'annonce par le groupe italien Costa Croisières de l'annulation de toutes les escales de ses navires prévues à Tunis.

 

-'Ces traîtres seront anéantis'-

 

Le gouvernement n'a pas évoqué dans l'immédiat les éventuelles failles sécuritaires, alors que le musée est mitoyen du Parlement. En effet, l'attaque est intervenue en pleine audition à l'Assemblée de cadres militaires et de la justice sur la réforme de la loi antiterroriste, prévue depuis des mois mais sans cesse repoussée.

 

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendra vendredi à Tunis pour examiner la coopération anti-terroriste entre les deux pays.

 

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais la Tunisie combat depuis plus de deux ans un groupe jihadiste lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique, la Phalange Okba Ibn Nafaâ qui jusqu'à présent a concentré ses activités à la frontière algérienne, tuant des dizaines de policiers et militaires depuis décembre 2012.

 

Par ailleurs, au moins 500 Tunisiens, ayant combattus en Irak, en Syrie ou en Libye dans les rangs de différentes organisations jihadistes comme l'Etat islamique, sont rentrés dans leur pays.

 

La police a dit par le passé considérer ces vétérans comme la première menace sécuritaire, d'autant que plusieurs jihadistes tunisiens depuis la Syrie et la Libye avaient menacé la Tunisie d'attaques ces derniers mois.

 

"Ces terroristes ont voulu faire comprendre qu'ils demeurent capables de frapper en plein centre de la capitale et pas uniquement dans les régions montagneuses frontalières de l'Algérie", a relevé jeudi le Quotidien.

 

"Je veux que le peuple tunisien comprenne que nous sommes en guerre contre le terrorisme (...). Je veux que le peupletunisien se rassure (...) ces traîtres seront anéantis", a promis le président Béji Caïd Essebsi dans une allocution télévisée mercredi soir.

 

Par ailleurs, le ministère de la Culture a promis de rouvrir le musée Bardo "mardi au plus tard".

 

AFP